Massiwa de Salim Mzé Hamadi Moissi
En tournée / Chorégraphie Salim Mzé Hamadi Moissi
Critique
Publié le 17 décembre 2021 - N° 295
Une plongée explosive dans un hip hop profondément nourri de danses comoriennes, où la tradition africaine croise le krump pour raconter l’individu dans sa communauté.
Boulimique de travail et de danse, Salim Mzé Hamadi Moissi est avant tout un autodidacte, venu au hip hop par la rue et devant le petit écran, dès son enfance aux Comores. Plus tard, censé suivre des études d’ingénieur au Sénégal, il prend la tangente et s’inscrit à la prestigieuse École des Sables de la chorégraphe Germaine Acogny. Cette expérience vient confirmer le talent de danseur du jeune homme, véloce, virtuose, capable de se fondre dans les styles et même de devenir un des pionniers du krump en Afrique de l’Ouest, sous le nom de Seush. Reconnu également en tant qu’interprète, notamment chez Anthony Egéa, il est aujourd’hui à la tête de sa propre compagnie Tché-Za. Créée avec sept danseurs, Massiwa est une pièce fortement inspirée de sa culture d’origine, hommage à son île et à ses habitants. Construite sur des oppositions entre le collectif et l’individuel, alternant de nombreux mouvements d’ensemble avec quelques solos, la pièce retrace des moments de vie d’une communauté masculine. En ouverture, une danse guerrière des bâtons, tout en esquives, en glissades, en frottements, pose des relations tendues. Tantôt outils, tantôt barreaux de prison ou menaces, les bâtons deviennent, par la danse, soit un piège, soit une façon de prendre appui, de traverser, et emmènent les corps dans un espoir de solidarité.
Jeux de souffles et d’onomatopées
La musique traditionnelle fait ensuite place à une musique actuelle, plus électro. Les frappés de sols donnent le rythme d’une danse plus fortement inspirée par le hip hop. La figure du solo s’épanouit sur un chant, qui devient ensuite collectif. Le krump apparaît en filigrane, offrant également des jeux de souffles et d’onomatopées pour conduire vers un paroxysme, montrant comment le groupe peut porter l’individu vers sa propre folie. Extrêmement virtuose, le groupe donne aussi à voir des séquences teintées d’humour. Parfois illustrative, la chorégraphie souffre par endroits d’effets trop forcés, dans une frontalité pectorale débordante et peu nécessaire compte tenu des postures guerrières et des coudes saillants qui jalonnent la pièce. Très (trop) courte, Massiwa peut être présentée avec le solo L’Expat, dansé par Salim Mzé Hamadi Moissi lui-même. Beaucoup plus profonde car très personnelle, sa danse est impressionnante par son engagement physique et les images qu’elle provoque.
Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Massiwadu mardi 4 janvier 2022 au mardi 1 février 2022
En tournée : Le 4 janvier 2022 à 20h30 au Théâtre de Brétigny,
le 6 janvier 2022 à 20h30 au Théâtre Paul Eluard de Bezons,
le 8 janvier 2022 à 20h30 à la Maison des Arts et de la Culture d'Epinay-sous-Sénart,
du 14 au 17 janvier 2022 à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, Paris,
le 1er février 2022 à 21h au théâtre de Suresnes Jean Vilar.
Spectacle vu au Centre des Bords de Marne, Le Perreux-sur-Marne.