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Danse - Critique

Twice #2 d’ Alexander Vantournhout, Aïcha M’Barek & Hafiz Dhaou

Twice #2 d’ Alexander Vantournhout, Aïcha M’Barek & Hafiz Dhaou - Critique sortie Danse Annecy Bonlieu - Scène Nationale d'Annecy
Crédit : Frédéric Iovino Johanna Mandonnet et Astrid Sweeney mêlent leurs énergies dans Twice #2

Bonlieu, Scène nationale d’Annecy
Chorégraphies Alexander Vantournhout, Aïcha M’Barek & Hafiz Dhaou

Critique

Publié le 17 décembre 2021 - N° 295

Le programme jeune public, concocté par le Gymnase, Centre de Développement Chorégraphique National de Roubaix, invite à la rencontre entre deux univers artistiques, dans les métamorphoses d’Alexander Vantournhout et les ondulations d’Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou.

La particularité du programme Twice est de s’adresser à des chorégraphes qui n’ont jamais écrit spécifiquement pour le jeune public, à travers une commande et un plateau partagé réunissant les deux mêmes interprètes. Ainsi naissent deux formes courtes qui s’enchaînent, comme ici avec Epaulette et D’Eux. Passé l’effet zapping d’une proposition à l’autre, on remarque qu’émergent souvent des petites pépites de ces rencontres provoquées. Celle-ci aura subi quelques aléas, puisque la première pièce s’est finalement transformée en solo autour de la danseuse danoise Astrid Sweeney, rejointe pour la seconde par Johanna Mandonnet, interprète incontournable du tandem M’Barek Dhaou. Alexander Vantournhout est un artiste très identifié dans le monde du cirque, mais dont les propositions demeurent bel et bien profondément chorégraphiques. Sa façon de considérer le corps dans son étrangeté, voire même de le doter de prothèses, fait de lui un chercheur passionnant qui décale le regard du spectateur sur les questions de la norme, de la beauté, de la grâce. Avec Astrid Sweeney, il semble reprendre à son compte les représentations stéréotypées du corps féminin : talons hauts, jupe serrée sur taille fine, top moulant et veste à épaulettes. Très vite, la machine trop belle pour être vraie déraille, et les contraintes du corps provoquent des situations de danse troublantes.

Des corps et des espaces en mode rencontre

A mesure que la danse évolue, la liberté reprend le dessus, et l’effeuillage dévoile des accessoires qui agissent à la fois sur l’apparence et sur le geste. Une façon juste de réfléchir sur le corps de la femme, ses représentations, ses assignations, ses asservissements. Avec D’Eux, il faut s’attendre à un changement total de registre et d’ambiance. Mais Astrid Sweeney s’accorde parfaitement à Johanna Mandonnet, tant leurs différences sont flagrantes et tant les chorégraphes jouent sur des contrastes fertiles. L’espace en noir et blanc est parfaitement structuré en deux bandes parallèles qui filent du proche au lointain. Chacune va évoluer dans le sien dans une danse tout en ondulations, en effets fluides où le dos et les épaules de la danseuse malgache, ultra mobilisés, en appellent à la sensualité autant qu’aux forces terrestres. Petit à petit, la rencontre entre le feu et la glace se produit, la complicité s’installe, le jeu s’engage, dans l’élan entraînant de la musique électro et le partage d’une pensée en mouvement.

 

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Twice #2
du jeudi 20 janvier 2022 au vendredi 21 janvier 2022
Bonlieu - Scène Nationale d'Annecy
1 rue Jean Jaurès, 74000 Annecy

Les 20 janvier (scolaires) et 21 janvier 2022 à 19h.

Tél. : 04 50 33 44 11.

Spectacle vu au Centre Chorégraphique National de Belfort.

 

En tournée : du 22 au 24 février 2022 à Pôle Sud, CDCN de Strasbourg, les 4 et 5 mars 2022, Festival Kidanse, L’Echangeur CDCN, les 16 et 17 mars 2022, Festival Artdanthé, Théâtre de Vanves, le 22 mars 2022, Le Rive Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray.

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