Ordinary People de Jana Svobodova et Wen Hui
Spectacle aux confins du théâtre documentaire [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Raphaël France-Kullmann
Aude Jarry, Clotilde Lebrun et Elsa Rozenknop interprètent le texte de Maryam Madjidi et mêlent la musique et les langues pour raconter les racines comme fardeau, rempart et arme de séduction massive.
Comment avez-vous découvert ce roman ?
Raphaël France-Kullmann : Lors du festival Les Correspondances de Manosque, je mets tous les ans en scène un groupe de lecteurs qui lisent des extraits de romans de la rentrée littéraire. En 2017 nous avons travaillé sur Marx et la Poupée de Maryam Madjidi. Maryam et Cathie Simon-Loudette (productrice du spectacle pour Les Petits Plaisirs), qui sont à l’initiative du projet, cherchaient un metteur en scène pour créer une lecture musicale du texte. Elles me l’ont proposé. J’ai accepté car j’étais très touché par cette écriture simple, efficace et singulière qui confronte le réel à la poésie, la dureté à la délicatesse. Tout un monde au service d’un sujet hautement d’actualité : la quête d’identité.
Que raconte le spectacle ?
R.F.-K. : Il s’agit d’un récit sur l’exil vécu par une petite fille. Le spectacle évoque les différentes thématiques exprimées dans le livre – la dureté du régime politique iranien, l’engagement des parents dans l’opposition, la relation entre petite fille et grand-mère -, mais il traite essentiellement du rapport à la langue, c’est-à-dire de la complexité pour une petite fille de quitter sa langue natale, le persan, pour une nouvelle langue, le français. Nous suivons le parcours initiatique d’une petite Iranienne qui se cherche une nouvelle identité dans un pays étranger en traversant le silence, la solitude, l’incompréhension, le questionnement…
Comment mettre en scène trois comédiennes et trois langues ?
R.F.-K. : Les partis pris sont clairs : trois voix, trois femmes, trois langues, donc trois espaces distincts pour trois univers forts. Espaces qui, au fil du spectacle, se rencontrent et se découvrent afin de raconter la même histoire, comme si les trois éléments de récits finissaient par fusionner. Nous sommes dans la rencontre de langues indépendantes et autonomes dont le rassemblement génère une expression unique. Le spectacle commence de manière très simple jusqu’à ce qu’une bascule nous entraîne dans une dynamique différente, qui permet le développement d’une rencontre plus affirmée entre le jeu, la musique et la langue des signes française.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 11h45, relâche les 7, 14 et 21 juillet. Tél. : 04 90 03 01 90.
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