Automne en création(s) : visions lituaniennes avec un double plateau de solos signés Lukas Karvelis et Vilma Pitrinaitė

Le chorégraphe Lukas Karvelis a projeté chez la danseuse Dominyka Markevičiūtė une légende du folklore lituanien retraçant l’impossible amour entre une déesse de la mer et un pêcheur, Jūratė et Kastytis. She dreamt of being washed away to the coast, sans raconter l’histoire, imprime en elle les états de corps du personnage féminin : on y retrouve la fluidité de l’eau, dans des mouvements circulaires qui tendent à amplifier l’espace. Pour autant, dans sa solitude, l’expérience de la transformation oscille entre les limites du corps et les possibilités laissées par l’espace, laissant une Jūratė-sirène contrainte à chercher sa libération dans l’imaginaire du mouvement.

Deux femmes rebelles

Autre expérience de la solitude : c’est dans une foule que Vilma Pitrinaitė s’imagine avant tout, celle des grands rassemblements, celle des soulèvements, que l’on entend gronder dans une bande sonore puisant dans les slogans de mouvements de résistance des pays d’Europe de l’Est, ou dans les chants traditionnels lituaniens. Seule, elle interroge les gestes individuels pris dans des manifestations collectives, les mouvements de la rébellion, les figures du combat, qu’elle décortique pour en extraire tout élément de contexte. When you’re alone in your forest always remember you’re not alone devient une mise à distance nécessaire à la chorégraphe, très touchée par l’invasion par la Russie d’un pays voisin du sien, l’Ukraine.

Nathalie Yokel