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Cette fantaisie théâtrale (et politique) conçue et interprété par Marie Rémond et Caroline Arrouas passe par la drôlerie pour réinvestir les combats féministes que menèrent, ensemble, la comédienne Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos.
Delphine (incarnée par Marie Rémond), c’est la comédienne Delphine Seyrig, grande figure d’artiste engagée pour la défense des droits des femmes, décédée en 1990, à l’âge de 58 ans. Carole (incarnée par Caroline Arrouas), c’est la vidéaste Carole Roussopoulos qui, caméra au poing, prit elle aussi part aux luttes féministes de son époque, avant de disparaître à l’âge de 64 ans, en 2009. Ces deux femmes sont au centre de Delphine et Carole, insoumuses, un film documentaire de Callisto Mc Nulty (la petite-fille de Carole Roussopoulos) sorti en 2021, dont Marie Rémond et Caroline Arrouas se sont inspirées pour rendre compte, sur scène, de la rencontre des deux artistes dans les années 1970, de l’amitié qui les lia tout au long de leur existence, des œuvres et des actions militantes qu’elles ont élaborées en commun. Delphine et Carole est un drôle d’objet théâtral. Une proposition singulière – riche en contrastes, en ruptures, en paradoxes – qui nous plonge dans la mémoire d’une époque pour activer, aujourd’hui, dans notre XXIème siècle encore scandaleusement inégalitaire, des prises de conscience visant à dénoncer et combattre les injustices auxquelles doivent faire face, au quotidien, les femmes.
Une proposition enthousiasmante, entre parodie et ultraréalisme
Offensive mais équilibrée, légère mais ravageuse, cette création formidablement interprétée offre plus d’une occasion de se réjouir. Celles et ceux qui connaissent le travail de Marie Rémond (artiste associée au CDN de Reims et au Théâtredelacité à Toulouse) savent que la comédienne-metteuse en scène a le regard aigu et le geste précis. À ses côtés, Caroline Arrouas se révèle tout aussi talentueuse. Au diapason l’une de l’autre, les deux actrices croisent sources documentaires et scènes de théâtre. Ces dernières, parfois parodiques, parfois ultraréalistes, dessinent des allers-retours entre passé et présent par le biais de diverses mises en abyme. On voit ainsi, par moments, les interprètes jouer leur propre rôle, pointant du doigt, comme d’autres avant elles, les schémas sexistes qui étouffent notre société. On rit beaucoup lors de cette fantaisie théâtrale d’une implacable justesse. On est émus, aussi, par la vérité et la colère que nous transmettent, par-delà les années, Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos. Leur pugnacité est bouleversante. Il faut voir Delphine et Carole. Il faut partir à la rencontre de ces esprits lucides qui nous transmettent la beauté et la force de leurs indignations. On sort de cet éloge du courage, de cette ode à l’intelligence, comme revigorés.
Manuel Piolat Soleymat
du mardi au samedi à 20h sauf vendredi à 19h, dimanche à 15h30. Tél : 01 40 03 72 23. Durée : 1h20. Spectacle vu le 18 novembre 2022 au Théâtre Dijon Bourgogne.
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