Marie-Antoinette de Stefan Zweig adapté et mis en scène par Marion Bierry

La veuve Capet, l’ennemie intérieure, l’écervelée à la brioche et aux moutons peignés de Trianon, le mauvais génie d’un roi trop faible ou la dépensière vaniteuse, indifférente à son peuple et raillant l’étiquette… Il fallait un bouc émissaire : la prodigue et capricieuse étrangère était la plus facile à détester… « Sans l’irruption de la Révolution dans son fol univers de plaisirs, cette princesse insignifiante aurait tranquillement continué à vivre (…) et finalement se serait étendue doucement sur un lit pour y mourir, sans avoir réellement vécu. » dit Stefan Zweig, qui tâche de rendre à la femme ce que l’Histoire a arraché à la reine : son humanité fragile, complexe et forcément contradictoire.

Un café viennois pour raconter l’Autrichienne

Pour explorer les arcanes de cette « nature moyenne » que le destin rendit extraordinaire, Marion Bierry choisit l’ambiance d’un café viennois, comme ceux où, dans les années 30, on débattait de psychanalyse, de littérature et de politique alors que montait le péril et que grondait la haine. Deux interlocuteurs (interprétés par Marion et Stéphane Bierry) : « l’homme, c’est Stefan Zweig avec son jugement historique, son humour. La femme est une sorte de double, une inconnue plus ardente à défendre la reine » dit Marion Bierry, qui met le théâtre au service du roman comme Zweig convoque le roman au secours de l’histoire.

Catherine Robert