Galilée, le mécano de Francesco Niccolini, Marco Paolini et Michela Signori, mise en scène de Gloria Paris

Une révolution essentielle, mondiale, qui transforme catégoriquement la vision de l’univers, la connaissance et l’histoire des idées. Une révolution aussi qui s’effectue en environ 365 jours autour de notre astre bien aimé. Ou en quelques dizaines d’heures autour de Jupiter pour les quatre « étoiles Médicées », aujourd’hui appelées « lunes galiléennes », que Galilée observa en janvier 1610 et nomma en l’honneur de Cosme de Médicis. Une rupture radicale qui remet en cause le géocentrisme d’Aristote ou Ptolémée que les théologiens catholiques ont érigé en dogme. Avec un talent consommé, Jean Alibert explore l’amplitude et les résonances de cette révolution. Il rejoint en cela la veine de l’acteur-auteur Marco Paolini, son « frère de masques », figure majeure en Italie du « théâtre de narration » dans la lignée de Dario Fo, dont le texte est pour la première fois créé en France.

Eloge de la raison et des mathématiques

À la rhétorique et la scolastique,  Galilée préfère la physique expérimentale : c’est un mécanicien, pas un rhéteur ! Avec humour, efficacité et simplicité, Jean Alibert éclaire l’homme, ses découvertes et leurs conséquences, et émaille la narration d’adresses directes au public. Le comédien-narateur nous instruit, évoque Johannes Kepler, Nicolas Copernic et son œuvre Des révolutions des sphères célestes, que si peu comprennent. Il rend aussi hommage à Giordano Bruno, brûlé vif par les Inquisiteurs, et met en scène l’humiliante abjuration de Galilée face au tribunal de l’Inquisition en juin 1633. La leçon admirable que délivre cette révolution traverse le temps : inventeur de la méthode scientifique et de la physique expérimentale, Galilée regarde le réel tel qu’il est, librement, refusant l’idée de l’adapter à des croyances. La mise en scène précise de Gloria Paris contribue à la réussite de ce spectacle tous publics.

Agnès Santi