La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Marie-Agnès Sevestre

Marie-Agnès Sevestre - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 septembre 2007

Les Francophonies en Limousin : un foisonnement artistique entre Europe et Afrique

La vingt-quatrième édition des Francophonies en Limousin, dirigées par Marie-Agnès Sevestre, affirme une ouverture européenne à nos voisins immédiats, la Belgique, la Suisse, l’Italie et le Portugal via le Mozambique, et traditionnellement s’implique avec des artistes africains – Congo, R.D.C., Sénégal, Mali, Afrique du Sud, Algérie – sur des projets de création. La Guadeloupe de son côté dispense musiciens et plasticiens sur la durée du Festival.

 

Quel est l’esprit de ces Francophonies 2007 ?
Marie-Agnès Sevestre : Les Francophonies des années 70/80 recouvraient un espace de militantisme lié au Tiers Monde et aux relations de coopération entre la France et l’Afrique. L’époque correspondait également au début des dramaturgies québécoises qui commençaient à peine à s’affirmer de manière autonome. Les disciplines – la danse, le théâtre – étaient séparées. En quelques années, tout a explosé dans l’entremêlement des genres et la transdisciplinarité. Par ailleurs, les Africains ont développé d’autres modes de relations avec l’Europe, davantage liés à des questions de formation, de développement sur place, de manifestations qui leur appartiennent, de centres de création… Le Festival ne peut plus assumer le rôle d’emblème d’une coopération dont il serait la raison d’être et la démonstration in vivo ; il est devenu un Festival comme les autres.

Mais si elle est moins politique, la manifestation reste fidèle, sur le plan artistique, à l’idée de découverte et de collaboration.
M.-A. S. : Le Festival est associé avec Jean-Paul Delore autour d’un projet, le Centre culturel franco-mozambicain et la Scène conventionnée de Bellac. Nous avons découvert au Mozambique, ancienne colonie portugaise, des cinéastes, des plasticiens et des photographes qui accompagnent un programme autour de la création. Le Mozambique résiste à la puissance économique de l’Afrique du Sud en adhérant, d’un point de vue artistique, à l’organisation de la Francophonie. Le projet de résidence de Delore participe de ses Carnets Nord/Sud dont l’objectif est la collection des formes vivantes du théâtre musical contemporain. Après la première phase de travail du spectacle Peut-être en février dernier, la seconde a lieu en Limousin, avant le Théâtre de la Villette à Paris et puis en région parisienne et à Lyon…

« L’idée vivante de la francophonie se tient dans l’usage simultané d’au moins deux langues. »

Une certaine Italie francophone est à l’honneur.
M.-A. S. : Notre collaboration avec une compagnie italienne de Ravenne décale un peu l’espace de la francophonie. Marco Martinelli crée Ubu Buur d’après Jarry avec de jeunes Sénégalais qui tiennent le rôle de palotins, des personnages officiels plus ou moins ridicules. Martinelli travaille depuis des années en associant des jeunes à la création théâtrale : le théâtre a besoin de l’énergie de ceux qui ne sont pas dans le théâtre pour raconter autre chose sur scène. Ce que cet artiste a fait en Italie avec des supporters de foot est extraordinaire. Pour Ubu Buur, Martinelli met en scène des agriculteurs du fin fond du Sénégal et des chauffeurs de bus qui parlent français s’ils sont allés à l’école, sinon, ils parlent le wolof. L’idée vivante de la francophonie se tient dans l’usage simultané d’au moins deux langues. Partout dans le monde – en Afrique, en Belgique, en Suisse, au Québec –, le français est parlé à côté d’une autre langue. Gardons cette polyphonie dans les spectacles.

Les Belges sont également très présents.
M.-A. S. : La compagnie belge Transquinquennal crée Convives d’Eugène Savitzkaya. Penthesilea est une première en France par la Belge Françoise Berlanger, comme aussi Litanie par KVS, un spectacle sur Bruxelles, ville cosmopolite, avec un jeu sur plusieurs langues – français, flamand et berbère. Le Festival accueille Palabre du chorégraphe sénégalais Andreya Ouamba. Une création encore a lieu avec La Fratrie errante de la Congolaise Marie-Louise Bibish Mumbu, une proposition scénique de Faustin Linyekula. Nous sommes co-producteurs de Correspondances, spectacle de Kettly Noël, d’origine haïtienne et installée au Mali, et de la Sud-Africaine Nelisiwe Xaba. Nous sommes aussi partenaires de Maintenant ils peuvent venir de Paul Desveaux d’après le roman de Arezki Mellal. Sans oublier Attitude Clando de Dieudonné Niangouna du Congo. Un foisonnement artistique de belle allure.

Propos recueillis par Véronique Hotte


Les Francophonies en Limousin

Du 25 septembre au 7 octobre 2007, 11 avenue du Général de Gaulle 87000 Limoges accueil@lesfrancophonies.com www.lesfrancophonies.com Tél : 05 55 10 90 10

A propos de l'événement


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