« Les Gardiennes » de Nasser Djemaï , une réflexion sur la vieillesse et les relations familiales
Septième création de l’auteur et metteur en [...]
Maria Machado et Charlotte Escamez adaptent les Carnets en marge de Roland Dubillard et mettent en scène avec Denis Lavant et Samuel Mercer un duo contrasté et intrépide.
Carnets en marge de Roland Dubillard, ce sont quelque mille pages d’un journal tenu pendant presque toute une vie, de 1947 à 2003. Un journal où s’expriment la fantaisie inclassable et l’ambivalence énigmatique de l’auteur, rendu célèbre pour ses Diablogues, dont la forme initiale fut une série de sketchs radiophoniques (Grégoire et Amédée, à partir de 1953). Roland Dubillard et Claude Piéplu, François Morel et Jacques Gamblin ou encore Michel Galabru et Martin Lamotte les interprétèrent. Maria Machado, qui fut l’épouse de Roland Dubillard, et Charlotte Escamez, écrivaine et secrétaire littéraire de l’auteur entre 2001 et 2011, ont décidé d’adapter pour la scène les Carnets, en proposant une invention à deux voix et deux corps. Engagé dans un dialogue et quelques drôles de rêves et confidences, un duo de comédiens trinque à la santé de Roland, et à celle du public. Comme si l’auteur se dédoublait, reflétant une somme de contradictions et tiraillements, entre l’action et le regard sur l’action, entre l’écriture et le regard sur l’écriture, entre colère, angoisse, impuissance, dérision, tendresse, humour décalé…
Deux voix et une seule âme
Comme le soulignent les deux metteures en scène, les personnages sont déchirés entre « exister et créer ». L’homme et le jeune homme sont ici incarnés par un duo instable qui fonctionne bien, avec deux acteurs très différents par leur âge, leur physique et leur manière de jouer. Le plus jeune et le plus athlétique, Samuel Mercer, paraît ici le plus sage, au côté de l’insaisissable et éruptif Denis Lavant, qui trouve matière à jouer sans effet de facilité de sa voix puissante. Le texte conserve ici une part énigmatique, naviguant entre de multiples réflexions et digressions, flirtant avec l’absurde. Est inclus un « conte libertin » qui déroule le rêve pornographique d’une petite fille auprès de son oncle mort… La mise en scène affûtée articule efficacement la relation entre les deux comédiens. Si certains faits et ressentis depuis l’enfance sont mentionnés – dont l’accident vasculaire cérébral qui obligea Roland Dubillard à vivre dans un fauteuil roulant à partir de 1987 -, la pièce n’est en rien une biographie. Maria Machado et Charlotte Escamez mettent en scène surtout une profusion de mots et d’énergie, un élan de vie empli d’inattendu et de sincérité malgré l’angoisse qui étreint. Elles visent à exprimer « la rébellion qui se dégage de son journal ». Le pari est en partie tenu, même si la vraie rébellion est peut-être difficilement décelable, cachée derrière les mots.
Agnès Santi
Du mardi au samedi à 19h, les dimanches à 15h. Tél : 01 45 44 57 34. Durée : 1h20.
Septième création de l’auteur et metteur en [...]
Bien au-delà des clichés, de la compassion [...]
Aventure écologique, amoureuse et [...]