Dans la fumée des joints de ma mère, mise en scène Jean-Louis Martinelli
Que devient l’envie de vivre aux portes de la [...]
Du 20 janvier au 5 février 2022, le Maillon, Théâtre de Strasbourg nous invite lors du foisonnant temps fort « Paranoid androids – des robots et des hommes » à interroger notre rapport aux nouvelles technologies : à la robotique, à l’intelligence artificielle, au progrès. Au programme de ce jeudi 3 février, deux spectacles contrastés, à découvrir jusqu’au 5.
Première française, l’originale performance du jongleur Stijn Grupping et du percussionniste Frederik Meulyzer Man strikes back trouble joliment les attentes. Dans un dispositif bi-frontal rendant chaque action très visible, le jongleur fait d’abord rebondir ses balles sur un assemblage de prismes à base triangulaire avec une impeccable maîtrise des trajectoires. Puis alors que l’on se lasserait presque de ce ballet où s’accordent si bien les sons de la batterie et des balles, le concert se trouble. Les volumes devenus capricieux soudain se déplacent, tout seuls, de manière millimétrée (« mais comment font-ils ? » demande mon voisin), comme mus par leur propre volonté d’objets, leur propre désir d’attention face à un jongleur soudain privé de son pouvoir d’organisation. Ce renversant bouleversement, où l’humain aussi rôdé qu’une machine est bousculé par une machine aussi imprévisible que l’humain, enchante les plus jeunes, et les autres aussi !
Homme et/ou machine
En seconde partie de soirée, changement total de programme avec la performance de Doris Uhlich, qui trouble. Sur la scène, un cylindre de verre opaque, comme une gigantesque éprouvette surgie d’un laboratoire expérimental de science-fiction, laisse échapper une fumée. Apparaissent alors une longue chevelure brune cachant le visage, une main, un pied qui frappe la paroi… Dans cet espace qui enferme et qui montre, Doris Uhlich fait de son corps nu l’instrument unique et puissant de sa démarche artistique, dans une absolue transparence. Cette exhibition, ces mouvements accompagnés par la musique électronique de Boris Kopeinig, disent les craintes d’un futur qui dépossèderait l’homme de son corps, revendiqué comme vecteur ultime de liberté : contraint, le corps demeure rebelle, pleinement affirmatif, revendiquant son animalité irréductible, cellulaire, physique, contre des mises à jour normées, contre des relations connectées et artificiellement démultipliées. « Hungry senses, thirsty cells, avatar connectivity, visions of new realities… » : ces quelques bribes de phrases après un long moment sans un mot posent question sur notre futur et les dangers qui le menacent. Jusqu’à la fin de la performance, jusqu’au salut lors duquel Doris Uhlich demeure nue, la beauté et la sincérité du geste priment sur le malaise que pourrait engendrer une nudité aussi transparente. À noter le dernier week-end du temps fort sera consacré en particulier au monde médical.
Agnès Santi
Man strikes back jusqu’au 5 février. Durée : 45 minutes. Tank, jusqu’au 5 février à 20h30. Durée : 1h. Tel : 03 88 27 61 81. www.maillon.eu
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