La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

CRITIQUE - CIRQUE - PERFORMANCE

La Dimension d’après, Tsirihaka Harrivel, Vimala Pons

La Dimension d’après, Tsirihaka Harrivel, Vimala Pons - Critique sortie Théâtre Paris Le CENTQUATRE-PARIS
Tsirihaka Harrivel présente sa Dimension d’après © Prune Allain-Bonsergent

Le CENTQUATRE-PARIS / réalisation Tsirihaka Harrivel / collaboration Vimala Pons

Publié le 26 janvier 2022 - N° 296

Tsirihaka Harrivel déploie son monde d’après. D’après la chute, physique et sentimentale, d’après les acrobaties, mais aussi d’après un album musical. Un spectacle personnel et très touchant.

C’est normal, me direz-vous. Avant La dimension d’après, il y a eu La Dimension. Album musical de Tsirihaka Harrivel, sorti l’hiver dernier, qui poursuivait l’édition de la musique du spectacle Grande, triomphale et dramatique expérience que lui et Vimala Pons avaient menée pendant deux ans. C’est à l’occasion d’une représentation de Grande que Tsirihaka Harrivel, qui y multipliait de vertigineuses acrobaties, était tombé. D’un coup. À pic. De sept mètres de haut. Chute qui s’avéra sans gravité sur le plan physique, mais qui constitue le motif de départ de ce spectacle conçu autour des dix états qu’a traversés Tsirihaka pendant sa demi-seconde dans les airs. Claps et hits rythment ce spectacle en dix parties, au cordeau, avec musique électro et bras articulés qui montent et descendent, séquences filmées et plans d’espaces à la recherche d’une issue de secours. Un petit personnage appelé Vidor porte souvent sur son dos cet alter ego de lui-même que l’artiste nomme « le personnage ». Et Vimala Pons, coautrice du projet, hante les couloirs de ce labyrinthe d’un spectacle sans chute.

« Appuie-toi sur des choses simples »

Sans chute, car c’est sur ces paroles que se finit malicieusement le spectacle. Et sans cirque non plus puisque Tsirihaka refuse de s’emparer des balles de jonglage qui, telles un diable, ont jailli de leur boîte. Sans Vimala Pons non plus – même si elle a collaboré à l’écriture et aux parties filmées – puisque leur rupture qui faisait la matière pleine de folie joyeuse de Grande tisse ici un arrière-plan autobiographique bien plus mélancolique. « Arrête de me suivre ». « Appuie-toi sur des choses simples » lui fait-il dire. De toute évidence, il s’agit pour le personnage créé par Tsirihaka de se reconstruire. Et pour cela, l’artiste congédie aussi l’acrobatie. Il y a bien un passage quand le petit Vidor paraît danser avec son « personnage » sur les épaules mais ce sera tout. La rupture, multiple, est donc de taille pour cet artiste formé au Centre National des Arts du Cirque, qui n’a pas reçu, à la différence de Vimala Pons, de formation théâtrale. La musique omniprésente, l’électro artisanale, le bricolage techno donnent à ce spectacle saccadé, composé de flashes, de séquences qui se répètent, reviennent en arrière, repartent en variations à travers les scansions et gimmicks de la voix trafiquée de Tsirihaka, toute sa couleur et son originalité. À Madagascar on peut lire dans l’avenir, explique-t-il. Le sien se dessine dans cette voie nouvelle, dans ce langage scénique qu’il est en train d’inventer.

Eric Demey

A propos de l'événement

La Dimension d'après
du mardi 8 février 2022 au dimanche 20 février 2022
Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial, 75019 Paris

À 19h30, dimanche à 17h30. Relâche les 13 et 14 février. Tel : 01 53 35 50 00. Durée : 1h. Spectacle vu au CDN d’Orléans dans le cadre du festival Soli.

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