Le bonheur (n’est pas toujours drôle) : Pierre Maillet nous fait entrer de plein pied dans la « comédie humaine » de Fassbinder
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La violoncelliste Ariane Issartel et la chanteuse lyrique Lily Aymonino mettent en commun leurs savoir-faire pour revisiter le modèle du récital. Elles font cohabiter des musiques populaires d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui avec une grâce qui aurait mérité d’être accompagnée d’une partition théâtrale plus affirmée.
Dès le premier morceau de Madrigal festin, qu’elles interprètent toutes les deux au chant, la complicité artistique entre Ariane Issartel et Lily Aymonino est placée au premier plan du spectacle. Dans ce spectacle c’est évident, c’est d’une amitié réelle qu’est nourri le chant. C’est d’une relation de longue date que vient le désir de bousculer les codes du récital. Riches de nombreuses collaborations au sein de la compagnie Les Xylophages fondée en 2015 par Ariane, les deux artistes ont amplement de quoi nourrir leur premier duo. En préparant une tarte à l’oignon, la chanteuse lyrique et la violoncelliste et metteure en scène convoquent leurs morceaux favoris, dont certains sont présentés comme appartenant à leur histoire commune, d’autres à leurs parcours individuels. Ce cadre intimiste leur permet de mêler des répertoires qui d’habitude se rencontrent peu. Dans Madrigal festin, on passe sans transition d’un morceau baroque de Monteverdi à un « tube » des années 90 du groupe ABBA. Plusieurs tentatives vite avortées de jouer du Vivaldi laissent place à Freed from desire de Gala ou à des mélodies traditionnelles hongroises collectées par Bartók. Le thème anglais Greensleeves côtoie aussi de près une chanson berbère… Le tout dans une grande proximité avec le public, qui tient en quelque sorte la place du troisième ami, du compagnon muet.
Un duo dé-concertant
Quel est donc le fil d’Ariane Issartel et Lily Aymonino, peut-on se demander tandis qu’elles avancent dans leur duo qui refuse à se faire concert, qui ne cesse de jouer avec les frontières de ce type de spectacle ? Le fait que la réponse ne soit pas évidente crée d’abord chez le spectateur une écoute active plus proche de celle que l’on a au théâtre qu’au concert. En cassant les codes du récital, les deux artistes affirment leur désir d’en faire un objet de pensée autant que de plaisir. Refusant toute hiérarchie entre les styles musicaux très différents, Ariane et Lily interrogent aussi la place de la musique dans nos quotidiens. Sans formuler leur réflexion, elles pointent la transformation que fait subir l’Histoire à notre manière d’appréhender un air. La force de ces interrogations tend hélas à s’émousser au fur et à mesure de la conversation qu’entretiennent les musiciennes entre deux chansons. En ponctuant leur tour de chant de bribes de récits amoureux, racontés qui plus est en cuisinant, elles ont tendance à réduire la portée de leur recherche. Trop proche de certains clichés sur le féminin, cette part théâtrale de la proposition aurait gagné à être développée pour être davantage qu’un prétexte au chant. La belle amitié des deux artistes aurait été plus partageable, et le bouleversement de leurs pratiques plus radicales. Reste un joli objet, délicat.
Anaïs Heluin
les mardis et mercredis à 19h30. Tel : 01 40 03 44 30. https://lascala-paris.com/ Également du 7 au 30 juillet à La Scala Provence à Avignon.
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