Innovasound, nouveau festival Réseau Spedidam
Un nouveau festival tourné vers l’avenir et [...]
Pour son nouvel opéra, une commande de La Monnaie de Bruxelles, Pascal Dusapin signe une variation puissante et hypnotique autour du Macbeth de Shakespeare. Une œuvre au noir que transcende Thomas Jolly par une mise en scène aussi spectaculaire que poétique.
Jusqu’où ira-t-il dans la noirceur ? Après avoir exploré les figures tragiques de Médée ou de Penthésilée, Pascal Dusapin va encore plus loin – ou « fait encore pire », comme il le dit lui-même – en s’attaquant au couple infernal de Shakespeare : les Macbeth. Sans doute cette permanence du recours au mythe est-elle le signe d’une inquiétude au monde que le compositeur traduit, non par une actualisation facile, mais par un univers atemporel qui évite d’avoir à citer tous ces hommes de pouvoir aussi absurdes que terrifiants qui nous gouvernent. Avec son librettiste Boyer, qui a écrit un texte plus poétique que narratif, il livre une variation autour de la pièce de Shakespeare, une espèce de fantasmagorie dans le monde parallèle, inconscient et pétri de culpabilité des deux époux, d’où l’importance du second terme accolé au titre : « Underworld ». La musique dessine une partition ample, souvent âpre et lyrique, avec une palette de registres extrêmement variée, du requiem stratosphérique chanté magnifiquement par les trois « Sœurs bizarres » aux mélopées jouées à l’archiluth en passant par le cri des hiboux. Multipliant les difficultés vocales, l’opéra trouve en Magdalena Kožená une Lady Macbeth solide et sensuelle, et en Georg Nigl, le baryton fétiche de Pascal Dusapin, un Macbeth bouleversant en homme hanté par sa sauvagerie. Habitué à la musique du compositeur, le chef Alain Altinoglu se fond parfaitement dans la mélancolie orchestrale de Macbeth et dirige l’Orchestre symphonique de la Monnaie d’une baguette énergique et précise.
Une mise en scène spectaculaire et inspirée
Si cette partition résonne de façon si puissante, c’est sans conteste aussi parce que Thomas Jolly a su incarner visuellement l’univers sonore de Pascal Dusapin. Ce familier des pièces de Shakespeare restitue « l’outre-monde » de ce Macbeth de façon spectaculaire et inspirée, notamment grâce à un important dispositif scénique révélant tour à tour d’immenses arbres aux longues branches crochues et inquiétantes, un carrousel sinistre, un château qui ne cesse de se transformer, ou encore des fantômes faits de draps ou de lumières. Sans jamais utiliser de la vidéo, il livre une vision horrifique, mais aussi très poétique, grâce aux illusions de la machinerie théâtrale et aux magnifiques lumières d’Antoine Travert. À l’occasion de sa (seulement) troisième mise en scène d’opéra, Thomas Jolly ne cesse de rappeler qu’il a de la chance : celle d’avoir été appelé à collaborer avec un compositeur et un librettiste en cours de création. Il fait ainsi mentir la légende selon laquelle Macbeth serait une pièce maudite, au point qu’on la désigne parfois par la périphrase de « The Scottish Play ». Sa nomination comme directeur du Quai d’Angers, apprise le jour même de la première, en est une nouvelle preuve.
Isabelle Stibbe
Du 20 septembre au 5 octobre 2019. Vendredi 20 septembre, mardi 24 septembre, jeudi 26 septembre, mardi 1er octobre, jeudi 3 octobre, samedi 5 octobre à 20h, dimanche 22 septembre et dimanche 29 septembre à 15h. Tél. : + 32 (0)2 229 12 11. www.lamonnaie.be
Puis : à l’Opéra Comique (Paris) du 25 au 31 mars 2020 ; à l’Opéra de Rouen Normandie les 12 et 14 mai 2020.
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