La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

L’Ours Une Demande en mariage Tragédien malgré lui

L’Ours Une Demande en mariage Tragédien malgré lui - Critique sortie Théâtre
L’amour perturbé à cause de terres en partage
(Mathias Casartelli et Valérie Da Mota).

Publié le 10 juin 2007

À côté de ses grandes pièces, le maître Tchekhov s’est essayé à quelques « plaisanteries », des pièces en un acte, dont Une demande en mariage, Tragédien malgré lui et L’Ours, écrites entre 1888 et 1889, que monte Christian Huitorel pour leur verve comique et leur fibre vaudevillesque.

C’est une invitation chaleureuse à venir goûter trois histoires douces-amères sur le couple, le mariage et la femme sur le chemin de l’émancipation, à travers l’art achevé tchekhovien, autant dire une représentation salutaire de la vie et de la vérité, hors de tout réalisme, par le truchement d’êtres simples et ordinaires. Le comédien baroque Mathias Casartelli joue le prétendant dans Une Demande en mariage, un célibataire presque endurci et coincé venu demander la fille de son voisin en mariage : « Elle est pas mal, elle a de l’instruction. J’éprouve le besoin d’une vie ordonnée. J’ai une lésion au cœur… » Voilà, tout serait au mieux pour cet aspirant au mariage et pour le père qui a la lourde charge d’une fille à placer, si les deux jeunes gens ne se prenaient à se quereller à propos d’un pré aux vaches qui leur appartiendrait respectivement. Insultes et jurons se poursuivent sur les qualités prétendument supérieures de leur propre chien de chasse. La fille à marier (intrépide Valérie Da Mota) n’en démord pas, mais elle cède librement à la proposition conjugale recherchée.

La tendresse et les sentiments ont eu difficilement le dernier mot

Toutefois, des scènes de conflits se dessinent en filigrane à partir de cette première rencontre officielle des deux futurs époux. On retrouve l’ancien prétendant dans Tragédien malgré lui, un malheureux en ménage qui se confie à un ami peu amène. Tolkatchev est père de famille, fonctionnaire, il n’en mène pas moins une vie d’esclave et de bête de somme. Entre les commissions pour les voisins et les obligations mondaines de son épouse, cette victime docile devient le martyr du caprice des autres. Dans L’Ours enfin, on retrouve le confident précédent en misogyne grossier. Smirnov (viril et brutal Michaël Hallouin) est un mâle arrogant qui vient réclamer grossièrement son dû à une veuve éplorée. Elena (douloureuse Nathalie Veneau) et son valet (Christian Huitorel plein de soumission) tentent de chasser l’intrus. En vain. Nul des deux concurrents en lice ne cède, surtout pas Elena, même quand il s’agit de prendre les pistolets… L’Ours s’émeut et tombe amoureux. La tendresse et les sentiments ont eu difficilement le dernier mot. Toujours est-il qu’il ne fait pas bon faire l’épreuve du couple, qu’on soit de la campagne profonde ou de la ville. Avec trois fois rien, quelques tapis d’orient, trois jolies chaises d’intérieur et de vrais comédiens, le tour est joyeusement joué sur le plateau pour la vie qui va.

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