La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien

L’Orchestre de Chambre de Toulouse

L’Orchestre de Chambre de Toulouse - Critique sortie Classique / Opéra
PHOTO de Gilles Colliard © Devos

Publié le 10 mars 2012 - N° 196

Demandez le programme !

La formation toulousaine exporte à Paris le concept original et festif de ses concerts « à la criée », véritable institution de la vie musicale de la « ville rose ». Une performance qui permet au public de choisir son programme au moment même du concert en annonçant ses préférences aux musiciens prêts à puiser dans plus de 100 pages de partitions à disposition ! Rencontre avec l’inventeur de la formule : le violoniste Gilles Colliard, directeur Musical de l’Orchestre, spécialiste des instruments d’époque, et directeur du Département de Musique Ancienne au CRR de Toulouse.

Quel est le positionnement artistique de l’Orchestre de Chambre de Toulouse ?

Gilles Colliard : Pour l’Orchestre de Chambre de Toulouse, il n’y a pas de petit concert et encore moins de petit public. Un artiste authentique ne sait pas faire autrement que jouer à son meilleur niveau possible lorsqu’il monte sur scène, quelle que soit l’importance de cette scène ! Cette authenticité est fondamentale à mes yeux. C’est ce même désir d’authenticité qui nous a conduit à utiliser les instruments baroques pour la musique jusqu’à 1750, les instruments classiques de 1750 à 1800 environ et les instruments modernes au-delà. Trois instruments, trois diapasons, trois archets… mais aussi des techniques de jeu chaque fois différentes. Bien plus qu’une « vérité » historique, l’Orchestre de Chambre de Toulouse défend l’authenticité des interprétations.

« La musique n’est pas faite pour être seulement contemplée avec béatitude. »

Comment est née l’idée des concerts à la criée? En quoi modifient-ils le rapport au public et aux œuvres ?

G. C. : La musique est un art de la vie ! Elle n’est pas faite pour être seulement contemplée avec béatitude. Nous voulions dire à notre public « amusez-vous avec nous ! » Prenez la musique à bras le corps, participez, communiquez-nous vos émotions ! Rien ne nous ennuie plus que les concerts où nous ne sentons pas le public réagir. Et ils ont reçu le message 5 sur 5.

Vous sentez-vous en rupture avec le monde de la musique classique traditionnel ?

G. C. : Cette époque est révolue. Nous ne sommes pas les seuls à être volontairement descendus d’un piédestal sur lequel on avait à tort installé les musiciens classiques. Tous les solistes que j’invite dans notre saison d’abonnement sont dans ce désir de proximité et de familiarité avec le public. Tous sont dans l’humilité du travail quotidien et tous proposent spontanément de participer à nos séances pédagogiques comme aux discussions qui s’improvisent sur scène avec le public après les concerts. 

Avez-vous le sentiment d’être compris par les pouvoirs publics susceptibles de vous soutenir financièrement ? Quelle est la situation de l’orchestre sur le plan économique?

G. C. : Nous avons d’excellents rapports avec nos partenaires publics, Ville de Toulouse, DRAC, Région Midi-Pyrénées et Conseil Général de la Haute-Garonne. Les discussions de fond sont avec eux toujours productives et ils ont largement prouvé leur attachement à l’Orchestre. Mais eux-mêmes sont dans une situation financière compliquée et il faut que de notre côté nous sachions aussi les entendre. Chaque année l’Orchestre augmente ses recettes propres : billetterie et vente de concerts en hausse constante depuis 7 ans, vente des CD que nous produisons désormais nous-mêmes… Nous faisons tout notre possible pour compenser la crise du financement public et avons changé de modèle économique. Pour l’instant, l’Orchestre va bien financièrement, et son statut de Société Coopérative  et Participative est pour beaucoup dans cette réussite. Nous restons toutefois une Très Petite Entreprise, avec 14 salariés dont 12 musiciens, ce qui est un minimum pour composer un orchestre : nous sommes donc en permanence en « flux tendus » et ne pouvons développer l’Orchestre qu’en travaillant 7 jours sur 7 !

Propos recueillis par Jean Lukas


Mardi 27 mars à 20h à la Salle Gaveau. Tél. 01 49 53 05 07. Places : 10 à 30 €.

Nouvel enregistrement : Concerto pour violon ; Romances pour violon de Beethoven (avec Gilles Colliard en soliste).

A propos de l'événement

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