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Théâtre - Gros Plan

L’Opéra de quat’sous

L’Opéra de quat’sous - Critique sortie Théâtre
Crédit : Lesley Leslie-Spinks Légende : « L’univers stylisé de Robert Wilson se réapproprie L’Opéra de quat’sous. »

Publié le 10 septembre 2009

Après Quartett de Heiner Müller en 2006, Robert Wilson revient à Paris avec la troupe du Berliner Ensemble dans une version à la noirceur tranchante de L’Opéra de quat’sous. Le metteur en scène américain affirme une nouvelle fois la puissance et la singularité de son style.

Adapté de L’Opéra des gueux, de John Gay, cette pièce de théâtre musicale écrite par Bertolt Brecht et Kurt Weill en 1928 est rapidement devenue l’un des grands classiques du répertoire théâtral du XXe siècle. Parodie d’une œuvre elle-même parodique (au XVIIIe siècle, l’opéra de John Gay se moquait des opéras de Haendel tout en dénonçant la corruption ayant cours en Grande-Bretagne), L’Opéra de quat’sous est une pièce hétéroclite qui s’inspire des comiques du cinéma muet. Une pièce à vocation subversive qui « représente [une] mise en question du système bourgeois, de l’intérieur, en utilisant certaines de ses armes (le pittoresque, le pathétique, le révolutionnaire-superficiel, la chanson) », comme l’a écrit le metteur en scène Giorgio Strehler, qui créa lui-même en 1960, au Théâtre national populaire de Chaillot, une version à« la beauté nocturne » de cette œuvre mythique.
 
Les outrances du cinéma muet expressionniste
 
Nombre de metteurs en scène ont souhaité, depuis plus de quatre-vingts ans, s’emparer de l’œuvre de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Giorgio Strehler donc, qui en signa différentes versions, mais aussi Hans Schalla en 1957, Guy Rétoré en 1969, l’Espagnol Calixto Bieito en 2003, Christian Schiaretti en 2004… Et, aujourd’hui, Robert Wilson qui dirige pour l’occasion la troupe du Berliner Ensemble, s’appropriant « la noirceur tranchante, les outrances du cinéma muet expressionniste ». Ainsi, entre fascination et parodie, entre rêve et réalité, le créateur américain lève une fois de plus le voile sur le cérémonial envoûtant que révèle son monde : un monde fait d’ombres et de lumières, de figures nobles et solennelles, de « silhouettes qui se fondent dans une nuit d’où surgissent des visages pareils à des masques blafards barrés de lèvres de poupées, de sourcils méphistophéliques. » Un monde dont la lenteur caractéristique donne corps à des images d’une puissance péremptoire, d’une poésie souveraine.
 
Manuel Piolat Soleymat


L’Opéra de quat’sous (Die Dreigroschenoper – spectacle en allemand surtitré), de Bertolt Brecht et Kurt Weill ; mise en scène, décor et lumières de Robert Wilson, avec la troupe du Berliner Ensemble. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Du 15 au 18 septembre 2009 et du 1er au 4 avril 2010 à 20h30. Théâtre de la Ville, 75004 Paris. Tél : 01 42 74 22 77.

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