La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Les Théâtrales Charles Dullin, faim d’infini

Les Théâtrales Charles Dullin, faim d’infini - Critique sortie Théâtre Val-de-Marne plus de 20 lieux

Val-de-Marne / Biennale

Publié le 23 octobre 2018 - N° 270

Pendant six semaines, la Biennale essaime dans tout le Val-de-Marne. Le festival invite à découvrir et partager toute la diversité et la vivacité de la création théâtrale actuelle.

Qu’est-ce qui caractérise cette édition 2018, intitulée Faim d’infini ?

Guillaume Hasson : Un désir, une envie, un besoin de repousser les limites imposées par le diktat du chiffre, l’absolutisme du nombre qui impose son pouvoir partout, au nom d’une sacro-sainte rationalité financière qui chapeaute, contrôle, censure les velléités créatrices… Cet esprit de rentabilité va des plus hautes sphères, où se décide la politique d’un pays, au calcul désespérant du rapport « coût d’un spectacle – nombre de spectateurs ». Cette faim d’infini est aussi soif de liberté, parce que nous désespérons des limites et des empêchements, nous aspirons à un mouvement du corps et de l’esprit qui vienne bousculer les murs de cette « réalité rugueuse à étreindre », même s’il faut la regarder en face, la dénoncer comme telle, pour la faire imploser.

« Cette édition 2018 est percutée par ces visages de femmes qui ne se répondent pas forcément. »

Que reflète le kaléidoscope de cette édition de l’époque dans laquelle nous vivons ?

 G.H. : Un kaléidoscope en effet qui serait notamment composé de l’image de la femme… Une image en mouvement qui, dans un jeu de miroirs, interpénétrerait l’univers masculin, le bousculerait et brouillerait ses repères. Et cette énergie jaillissante conduirait à redéfinir nombre de fonctionnements intimes et sociaux, remettant en question la position de la mère dans le cercle de la famille et dans le macrocosme du travail. Cette édition 2018 est percutée par ces visages de femmes qui ne se répondent pas forcément, qui s’opposent même parfois, mais qui, dans leur exposition singulière, proposent un féminin potentiellement différent à ce qu’il a coutume d’être aujourd’hui.

Comment concevez-vous votre activité de programmateur et coproducteur ?

G.H. : C’est, je crois, l’attribution de toute directrice, de tout directeur, que de mettre en relation, dans les meilleures conditions, un artiste et un public. Mais aussi, pour notre Festival consacré aux œuvres de théâtre contemporaines, d’inciter, j’allais dire de promouvoir la prise de risque. En somme, de ne jamais craindre de mettre en avant sur nos scènes, dans nos théâtres, ce qui traverse le monde, de douleurs, de colères, d’injustices, tout ce qui vient dire le chaos et la fracture, tout ce qui vient célébrer ce que nous sommes, autant au milieu de la tourmente, de la tempête, du brouillard que dans la lumière éclatante. Et puis, fondamentalement, sentir toujours, et pouvoir la faire partager, cette émotion indicible, qui provient de la représentation elle-même, qui semble remonter de la nuit des temps, emportant avec soi les secousses de l’actualité, et qui pourrait s’apparenter au théâtre de toujours.

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Les Théâtrales Charles Dullin, faim d’infini
du lundi 5 novembre 2018 au dimanche 16 décembre 2018
plus de 20 lieux
94000 Val-de-Marne

Tél : 01 48 84 40 53.

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