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Classique / Opéra - Entretien

Les producteurs indépendants en danger de mort : rencontre avec Jeanine Roze, Directrice de Jeanine Roze Production et des « Concerts du dimanche matin »

Les producteurs indépendants en danger de mort : rencontre avec Jeanine Roze, Directrice de Jeanine Roze Production et des « Concerts du dimanche matin » - Critique sortie Classique / Opéra
© Michel Franck

Publié le 23 septembre 2020 - N° 286

 

Après plusieurs mois de confinement ayant eu pour conséquence l’annulation souvent coûteuse de nombreux concerts, les producteurs indépendants de la musique classique sont confrontés à un nouveau défi : supporter économiquement la contrainte de jauges réduites de moitié. Avec comme handicap supplémentaire et inexplicable l’exclusion de ces producteurs indépendants de la musique classique du système d’aide de compensation de billetterie récemment mis en place par le Centre national de la musique. Une décision aberrante lorsque l’on considère que ces producteurs, ne percevant le plus souvent aucune subvention publique, sont plus que tout autre acteur du monde de la production musicale dépendants de leurs recettes de concerts.

 

 

Quelles sont les conséquences directes et concrètes pour un producteur indépendant comme vous de la crise que nous traversons depuis quelques mois ?

Jeanine Roze : Conséquences directes : annulation de concerts durant la saison 200-2021, de même pour 2021-2022 et parfois 2022-2023. Les engagements ayant lieu plusieurs saisons à l’avance, avec la distanciation du public dans les salles, nous sommes dans l’obligation de demander aux artistes, « ceux qui peuvent venir », d’accepter une diminution de leur cachet et d’annuler nos projets plus ambitieux ou audacieux. Evidemment sans subvention aucune, notre trésorerie est la billetterie, on peut aisément imaginer son état actuel !

Dans ce contexte, comment réagit le public en cette rentrée ?

Jeanine Roze : Le public est plus que frileux, il a peur, ne sait pas d’un jour à l’autre selon les dispositions prises par le gouvernement si les concerts auront lieu. Il ne faut pas, par ailleurs, oublier que le public classique fait partie de la population à risque ! On peut aisément prévoir un manque à gagner de 40 à 50%.

 

« Les producteurs classiques privés sont totalement oubliés des pouvoirs publics.  Nous sommes exclus par le Centre national de la musique du plan de compensation de billetteries perdues »

 

Vous sentez-vous entendue, comprise et finalement soutenue par les pouvoirs publics ?

Jeanine Roze : Les producteurs classiques privés sont totalement oubliés des pouvoirs publics. Pour preuve : nous sommes exclus par le Centre national de la musique du plan de compensation de billetteries perdues. Le Président J.PH. Thiellay nous ayant taxé d’« angle mort » lors de l’AG du Prodiss lundi dernier. Suite à mon intervention, il prétend vouloir s’en entretenir avec le Conseil d’administration le 13 octobre prochain. Vu le ton de sa réponse à mes interrogations je n’en crois rien, ainsi que le confirme le silence de Sylviane Tarsot Giller, Directrice générale de la création artistique au ministère de la Culture.

Que demandez-vous aux pouvoirs publics ?

Jeanine Roze : Après 45 ans de production, découvrir que Beethoven ou une création de Fazil Say ne sont qu’un « angle mort » en musique m’ôte tout espoir d’une aide quelconque.

 

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

 

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