La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Petits Pouvoirs de Charlotte Lagrange

Les Petits Pouvoirs de Charlotte Lagrange - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre ouvert
Clara Lama Schmit, Rodolphe Poulain et Julie Pilod dans Les Petits Pouvoirs. © Simon Gosselin

Théâtre Ouvert / Texte et mes Charlotte Lagrange

Publié le 13 mars 2022 - N° 297

L’autrice-metteuse en scène Charlotte Lagrange présente Les Petits Pouvoirs à Théâtre Ouvert. Une création inaboutie qui se perd dans un dédale de relations de séduction, de manipulation, de domination…

Il y a Diane (Julie Pilod), une architecte québécoise quadragénaire qui partage son temps entre Montréal où elle donne des cours, et Paris où elle a créé NAO, une petite agence d’architecture. Il y a Benoît (Rodolphe Poulain), son associé, avec qui elle entretient des relations à la fois proches et troubles : entre rivalité professionnelle et tension amoureuse. Il y a Laïa (Clara Lama Schmit), une jeune femme douée et ambitieuse qui vient d’entrer comme stagiaire chez NAO. Il y a aussi Etienne (Sidney Ali Mehelleb), le petit ami de Laïa, et Toshinori (Gen Shimaoka), un grand architecte japonais avec qui Diane et Benoît ont débuté leur carrière. Les Petits Pouvoirs commence par une longue démonstration de réalisme psychologique. Un bouchon de champagne saute, une dispute éclate, des reproches fusent, les nerfs se cabrent, sans doute de façon trop appuyée, finalement trop dramatique. Ce règlement de comptes plante le décor de la relation intense, conflictuelle et stéréotypée qui unit les deux associés de NAO. Puis, peu à peu, on pourrait dire clandestinement, de manière insuffisamment affirmée pour frapper les esprits, une forme d’étrangeté, d’onirisme, s’invite dans cette histoire, cherchant à mettre en lumière les intrusions de l’inconscient dans le monde concret.

Du réalisme à l’onirisme

Le spectacle de Charlotte Lagrange fait s’entremêler lieux, situations et temporalités dans des fondus-enchaînés aux réalités imprécises. Si l’autrice-metteuse en scène a bien pensé Les Petits Pouvoirs à la façon d’un kaléidoscope, elle n’a pas réussi à déployer l’ailleurs souterrain et énigmatique susceptible de faire naître le thriller théâtral auquel elle aspirait. Malgré des belles images, l’univers scénique des Petits Pouvoirs (la scénographie est de Camille Riquier, la création sonore de Samuel Favart-Mikcha, les lumières sont de Mathilde Chamoux) peine à faire voyager notre imaginaire. Alors, on se raccroche au sous-texte féministe de cette réflexion sur les conditionnements de genre et les rapports de domination. Aux belles performances de Clara Lama Schmit et Sidney Ali Mehelleb. A la présence poétique de Gen Shimaoka. Aux inserts de culture japonaise qui, par éclats, parent la pièce de tatakis de thon et de vapeurs de onsen. Mais tout ceci n’est pas l’essentiel. L’ensemble finit par s’égarer. Comme cousue de fil blanc, l’intrigue des Petits Pouvoirs s’étire, s’émiette et manque sa cible.

Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement

Les Petits Pouvoirs
du mardi 8 mars 2022 au samedi 19 mars 2022
Théâtre ouvert
159 avenue Gambetta, 75020 Paris.

Du 8 au 19 mars 2022. Le lundi, mardi et mercredi à 19h30, le jeudi vendredi et samedi 12 mars à 20h30, le samedi 19 mars à 18h. Durée de la représentation : 1h55. Tél. : 01 42 55 55 50. www.theatre-ouvert.com

Egalement du 22 au 26 mars à La Manufacture - CDN de Nancy, du 29 mars au 1er avril à la Comédie de Reims – CDN, les 10 et 11 mai à la Comédie de Valence – CDN, les 17 et 18 mai Théâtre des Ilets - CDN de Montluçon.

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