La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Beaux de Léonore Confino, mis en scène de Côme de Bellescize

Les Beaux de  Léonore Confino, mis en scène de Côme de Bellescize - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Petit Saint-Martin
Elodie Navarre et Emmanuel Roblet © Emilie Brouchon

de Léonore Confino, mis en scène de Côme de Bellescize

Publié le 26 septembre 2019 - N° 280

Sur le désarroi d’un couple de trentenaires, Léonore Confino signe un texte à la construction brillante, servi par deux comédiens engagés, Elodie Navarre et Emmanuel Noblet.

Une femme en legging noir et guêtres vertes, on n’avait plus vu ça depuis les années 80 – ou dans un magasin de jouets, au rayon Barbie. Et de Barbie Aérobic, justement, Elodie Navarre a tous les atours, comme Emmanuel Noblet a les cheveux plaqués de Ken. Qui sont cet homme et cette femme aux discours superficiels voire puérils, revendiquant leur beauté, exprimant le contentement de soi, et usant d’expressions très étranges comme « tes seins lisses sans tétons » ? Qui sont ces personnages absurdes jusqu’à la drôlerie, avalant en guise de scotch un rouleau de scotch, et se cachant régulièrement sous le canapé quand retentissent les éclats d’une dispute ? Serait-ce un couple dans les débuts un peu niais de leur relation amoureuse, qui entendrait leur futur déchiré ? On finit par comprendre que non ! Barbie et Ken sont littéralement des poupées mannequins auxquels une petite fille de 7 ans donne vie, leur faisant rejouer des scènes entre son père et sa mère. Après ce début astucieux, Léonore Confino, l’autrice du texte Enfantillages chez Actes-sud, adapté au Petit Saint-Martin sous le titre Les Beaux, fait parler les parents de l’enfant – interprétés par les mêmes acteurs. Ce sont deux trentenaires parisiens, l’homme pris par son travail chez Publicis, la femme restant à la maison pour s’occuper de leur fille qui ne parle plus et a des comportements inquiétants – dont une obsession pour ses Barbie !

Une construction brillante

Peu à peu, le couple se révèle, bien moins beau et idyllique que les célèbres poupées mannequins. Une vie de stress, de frustrations, de désir mort et de mensonges. Lesquels finissent par éclater, remettant en cause les fondamentaux de leur relation. On croit la fin du couple proche, comment pardonner par exemple que la prétendue panne d’ascenseur qui a empêché le mari d’assister à l’accouchement de sa femme n’était qu’un prétexte, le signe d’une peur panique de la vie ? Chez un auteur pessimiste ou cynique, la pièce se serait sans doute soldée de façon sordide. Ici, le recours à un jeu tiré du principe de De l’autre côté du miroir, la suite d’Alice au pays des merveilles, qui consiste à dire l’inverse de ce qu’on pense, fait paradoxalement advenir une certaine poésie et, en tout cas, la possibilité d’une réconciliation. Si le propos sur les trentenaires d’aujourd’hui est un peu convenu, la construction brillante du texte, ses dialogues incisifs et le jeu engagé des deux comédiens rendent ce spectacle mis en scène de façon rythmée par Côme de Bellescize particulièrement savoureux.

Isabelle Stibbe

 

A propos de l'événement

Les Beaux
du vendredi 6 septembre 2019 au samedi 9 novembre 2019
Théâtre du Petit Saint-Martin
17 rue René-Boulanger, 75010 Paris.

Du 6 septembre au 9 novembre 2019. Tél. : 01 42 08 00 32. Durée : 1h10.

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