La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Amoureux

Les Amoureux - Critique sortie Théâtre
Crédit visuel : Pidz Légende visuel : « Une comédie de caractère éclairant les outrances amoureuses de l’adolescence. »

Publié le 10 février 2008

Gloria Paris met en scène Les Amoureux de Goldoni. Une représentation à l’énergie débordante qui creuse les égarements de jeunes soupirants incapables de s’aimer tranquillement.

Leurs sentiments semblent sincères, profonds, impérieux, ils projettent même de s’épouser. Néanmoins, Eugenia (Emeline Bayart) et Fulgenzio (Bruno Fleury) ne parviennent pas à se retrouver sans que leurs face-à-face ne dégénèrent en altercations mouvementées, en chicanes extravagantes et insolubles. Car les deux adolescents se hérissent à la moindre contrariété, faisant l’un et l’autre preuve d’un manque singulier de souplesse, d’indulgence. Aveuglés par leur orgueil, leur tempérament éruptif, leur possessivité, ces amoureux ne laissent rien passer, entraînant leur entourage dans les complications de leurs emportements. « Je crois qu’il faut aimer Goldoni pour ce qu’il est », confie Gloria Paris, « un pur exemple de la culture italienne, qui fait se côtoyer intimement la tragédie et la comédie ». Après Molière, Marivaux, Copi, Eduardo de Filippo…, la metteure en scène italienne investit donc le théâtre goldonien, affirmant son goût pour les pièces « où l’on rit et où, immédiatement après, on ne rit plus du tout, on peut même pleurer ». S’il est vrai que le public s’amuse, on est loin des larmes devant cette représentation pimpante des Amoureux, une représentation pleine de rythme, de mines et de mimiques.
 
Une farce menée tambour battant
 
Empruntant à de multiples registres de comiques (clown, boulevard, cartoon, farce…), Gloria Paris n’a pas hésité à mener ses interprètes vers une forme de volontarisme de chaque instant, une énergie de la caricature et du numéro d’acteur. Au sein du décor élégamment épuré d’Alexandre de Dardel, ne faisant usage d’aucun accessoire sinon de leur corps, de leurs expressions, de leur vitalité, Olga Grumberg (Flaminia, la sœur d’Eugenia, qui fera tout pour réconcilier les deux cœurs chagrins), Olivier Saladin (Fabrizio, l’oncle et le tuteur de la jeune amoureuse), Emeline Bayart, Bruno Fleury et leurs six partenaires ne ménagent pas leur peine pour déclencher les éclats de rires, pour nourrir les outrances et le ridicule de leurs personnages. Au détriment, sans doute, d’une forme de délicatesse, de légèreté, qui aurait pu enrichir ce tableau de l’adolescence, approfondir les inflexions dramatiques contenues dans Les Amoureux. Des inflexions bien réelles mais, contrairement aux effets burlesques, sous-exploitées, simplement révélées par le vertige des scènes de torture intime, de chantage affectif, auxquelles se livrent les protagonistes de Goldoni.
 
Manuel Piolat Soleymat


Les Amoureux, de Carlo Goldoni ; mise en scène de Gloria Paris. Les 30 et 31 janvier 2008 à 21h00. L’Arc-en-ciel – Théâtre de Rungis, 1, place du Général-de-Gaulle, 94150 Rungis. Renseignements et réservations au 01 45 60 79 05. Spectacle vu au Théâtre du Nord. Reprise au Théâtre de l’Ouest Parisien à l’automne 2008.

A propos de l'événement


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