La Terrasse

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Théâtre - Critique

L’Envolée

L’Envolée - Critique sortie Théâtre
Crédit : Régis Nardoux Légende : L’envolé : la folle journée d’une « famille qui explose en plein vol ».

Publié le 10 avril 2010

Entre cocasse et pathétique, Gilles Granouillet signe L’Envolée, farce loufoque sur les errances d’une famille provinciale. Une farce singulière à laquelle le spectacle que met en scène Jean-Claude Berutti ne rend malheureusement pas justice.

« Comme un Chapeau de paille d’Italie devenu affreux, sale et méchant  », confie Gilles Granouillet au sujet de sa pièce L’Envolée. Une pièce que Jean-Claude Berutti met aujourd’hui en scène au Théâtre de l’Est parisien, après l’avoir créée en octobre 2008 à la Comédie de Saint-Etienne (centre dramatique national dont il est le directeur, Gilles Granouillet en étant l’auteur associé) ainsi qu’à Zagreb dans une version croate (intitulée Polet). Faisant en effet lointainement écho à l’œuvre d’Eugène Labiche, L’Envolée présente les déambulations burlesques d’une famille réunie, après des années de fâcherie, dans une petite localité de cette France que l’on dit profonde. La Famille Barbozat, avec en première ligne Augustin et sa sœur Justine, suivis — entre autres protagonistes — par leurs enfants respectifs. A la lecture de cette « méchante comédie de province », comme l’auteur aime lui-même à la définir, c’est une écriture joyeuse, saugrenue, qui s’ouvre à nous. Une écriture personnelle, fait de démesure et d’extravagance, qui révèle les qualités d’un dramaturge travaillant, depuis près de 20 ans (Gilles Granouillet est né en 1963), à créer « des pièces qui jouent sur l’humour pour révéler une humanité blessée ».    
                                                                                                                               
« Une méchante comédie de province »
 
Derrière les bouffonneries de ces figures à bien des égards pathétiques, se dessine un monde beaucoup plus profond, beaucoup plus sensible que l’on pourrait tout d’abord croire. Un monde qui perpétue les repères d’une certaine étroitesse ordinaire tout en ne cessant, sans parfois même s’en rendre compte, d’en bafouer les codes, d’en exploser les limites. S’appuyant sur une distribution inégale (Dominique Arden, Valérie Bauchau, Jacqueline Bollen, Louis Bonnet, Benoit Brégeault, Sylvain Delcourt, François Font, Delphine Goossens, Jean-Pierre Laurent, Charly Totterwitz, Jeanne Vimal et la comédienne croate Marica Vidusic), la représentation mise en scène par Jean-Claude Berutti peine à trouver la voie qui devrait faire jaillir l’émotion couvant sous les accents loufoques de L’Envolée. Or, sans cette part d’émotion, sans le supplément d’âme que dégagent des personnages passant leur temps à chuter, à se cogner à la vie, la pièce de Gilles Granouillet est réduite à une farce caricaturale dont les ressorts comiques ne peuvent guère susciter qu’une sensation d’ennui. C’est dommage, L’Envolée vaut mieux que cela.
 
Manuel Piolat Soleymat


L’Envolée, de Gilles Granouillet (texte publié chez Actes Sud – Papiers) ; mise en scène de Jean-Claude Berutti. Du 25 mars au 10 avril 2010. Les mardis, jeudis et samedis à 19h30, les mercredis et vendredis à 20h30, les dimanches à 15h. Relâche les lundis ainsi que les 3 et 4 avril. Théâtre de l’Est parisien, 159, avenue Gambetta, 75020 Paris. Réservations au 01 43 64 80 80. Durée de la représentation : 1h50.

A propos de l'événement


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