Le présent qui déborde – Notre Odyssée II de Christiane Jatahy
Dans un dispositif qu'elle tient à garder en [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Vincent Goethals
Dans ce deuxième volet d’un triptyque autour de l’œuvre d’un auteur québecois contemporain, Steve Gagnon, Vincent Goethals met en scène Ventre, qui revisite les idéaux amoureux à travers le conflit d’un jeune couple.
Qui est Steve Gagnon, auteur à partir duquel vous créez trois pièces ?
Vincent Goethals : Lorsque j’étais directeur du Théâtre du Peuple à Bussang, j’ai organisé une année québécoise qui m’a fait découvrir ce jeune auteur. En quelques mots, il est un peu le fils spirituel de Wajdi Mouawad et de Laurent Gaudé. Il développe une écriture crue, parfois triviale, mais parsemée de fulgurances poétiques. Ventre est une pièce intense, pleine de tendresse, violente et sensuelle.
Que raconte Ventre ?
V.G. : C’est une pièce intimiste qui se demande si l’on peut encore croire à l’amour aujourd’hui. Qui explore comment on s’emprisonne, on s’embourgeoise, comment on ne cherche plus à vivre les choses à 100%. Une jeune femme a trompé son ami mais veut revenir avec lui. Taiseux, blessé, il est cloîtré chez lui, tandis qu’elle, plus construite, plus loquace, tente de panser la blessure. C’est une pièce sans artifice, centrée sur le jeu des acteurs.
Qu’est-ce qui vous séduit particulièrement dans l’écriture de Gagnon ?
V.G. : J’ai toujours aimé porter plusieurs pièces d’un même auteur. Je l’ai fait avec Fréchette, Gaudé ou Melquiot. Et puis j’ai un faible pour les écritures francophones. Alors, après Bussang, j’ai eu envie de repartir avec Gagnon. Parce que celui-ci conjugue un art de la construction dramaturgique étonnant avec une qualité de langue que j’apprécie tout particulièrement. Il développe une sorte d’accent épique de l’intime. Une écriture à la fois rapide et abondante, concrète et poétique, qui parle tout particulièrement aux jeunes adultes d’aujourd’hui.
Quels seront vos parti pris de mise en scène de ce conflit amoureux ?
V.G. : Je n’aime pas le réalisme. Aussi, la scénographie sera plutôt onirique, centrée sur une baignoire qui apparaîtra comme un bateau à la dérive. On dit de mon théâtre qu’il a une dimension cinématographique, notamment par l’omniprésence de la musique. Ici encore ce sera le cas, avec une composition musicale qui accompagne les acteurs. Comme il s’agit d’un couple, s’est aussi posée la question de la représentation de l’acte amoureux, si bien que j’ai fait appel à Louise Hakim pour chorégraphier leurs évolutions.
Propos recueillis par Eric Demey
à 20h10. Relâche le lundi. Tel. : 04 32 74 18 54.
Dans un dispositif qu'elle tient à garder en [...]