La consultation philosophique par Oscar Brenifier
L’opportunité de pratiquer la philosophie est [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Antonin Chalon
Enfant de la balle, Antonin Chalon a choisi, comme sa mère Zabou Breitman, de s’élancer sur le chemin du théâtre. Sorti du Conservatoire national supérieur d’art dramatique l’année dernière, le jeune metteur en scène dirige Xavier Guelfi et Marie Petiot dans After the End, une pièce du dramaturge anglais Dennis Kelly.
Que trouvez-vous de particulièrement inspirant, en tant que jeune metteur en scène, dans l’écriture de Dennis Kelly ?
Antonin Chalon : La nature ultra-réaliste de sa langue. Les personnages se coupent la parole. Le texte reste toujours vivant. La théâtralité des situations dans lesquelles Dennis Kelly plonge ses personnages est très inspirante, aussi bien pour la mise en scène que pour l’interprétation de l’acteur. Une autre grande force de cet auteur est de mêler l’humour à des situations extrêmes.
Que se joue-t-il de fondamental entre les deux personnages qui se font face dans After the End ?
A.C. : Tout oppose Marc et Louise. Lui est plutôt introverti, un peu « geek ». Elle est très à l’aise en société. Le rapport de force qui se joue entre eux évolue constamment. La victime peut ainsi se changer en bourreau. La maîtrise de la situation échappe tour à tour à l’un, puis à l’autre. Dans un bunker coupé du monde, leurs instincts primaires ressurgissent : désir, lutte de territoire, manipulation…
Vous expliquez avoir centré votre mise en scène sur la direction d’acteur. Vers quels territoires de jeu avez-vous orienté vos interprètes ?
A.C. : Dans cette pièce, la clé du jeu d’acteur est d’aller chercher toute la sincérité de personnages embarqués dans une situation profondément désespérée. Cela, même lorsque l’un ou l’autre ment. On ne doit plus savoir qui croire. Chacun défend sa vérité. Nous avons réalisé un travail très précis sur les dialogues, envisageant le texte comme une véritable partition de musique, avec ses temps, ses silences et ses crescendos.
Quelles zones de l’humain vous semble-t-il essentiel de mettre en lumière pour rendre compte de l’acuité de ce théâtre ?
A.C. : Dennis Kelly explore avec beaucoup de justesse les contradictions d’une jeune génération en perte de repères. Une génération bouleversée par la violence, la xénophobie et l’omniprésence des médias. Il est important de donner à voir la fragilité de ces personnages dépeints avec une précision toujours teintée d’une grande humanité.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 13h40. Relâche les 11 et 18 juillet. Tél. : 04 90 85 12 71.
L’opportunité de pratiquer la philosophie est [...]