La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2012 - Entretien Nacera Belaza

Le Trait : un entrelacs de cheminements

Le Trait : un entrelacs de cheminements - Critique sortie Avignon / 2012

Publié le 10 juillet 2012 - N° 200

Une création, composée de deux solos et un duo. Une façon, pour Nacera Belaza, de poursuivre toujours son élan, cherchant dans la forme une résonnance à son travail sur un état paroxystique du corps.

 « Les pièces se complètent, résonnent l’une dans l’autre. »
 
Vous débutez cette nouvelle création par deux solos, créés par vous-même puis par votre sœur. En quoi cela diffère-t-il de vos précédentes recherches, basées sur le duo ?
 
Nacera Belaza : Si l’on regarde mes autres pièces, les duos sont en fait deux solos côte à côte. Dans leur écriture, je ne proposais pas des choses différentes pour ma sœur ou pour moi. Néanmoins notre relation faisait que tout était relié, tout transitait par l’autre, et c’est ainsi qu’on communiquait avec le public. Aujourd’hui la différence majeure passe par le vide qui encercle chaque corps. Quand le Festival d’Avignon m’a invitée, j’avais envie d’être seule, et ma sœur Dalila avait en tête depuis des années de travailler son propre solo. C’est comme si plusieurs routes, en marche depuis longtemps, convergeaient l’une vers l’autre. L’autre route, c’est le travail que j’ai amorcé en Algérie dans Le Cri, en regardant de près les danses traditionnelles, et que je voulais poursuivre. Je n’avais pas envie de renoncer ni à l’un, ni à l’autre de ces chemins : j’ai donc proposé pour Avignon non pas une création, mais trois pièces : Le Cercle, La Nuit, Le Cœur et l’Oubli.
 
Cela veut-il dire qu’il s’agit de trois pièces indépendantes, ou Le Trait constitue-t-il désormais une pièce en soi ?
 
N. B. : Je pensais qu’elles allaient être autonomes, et j’ai voulu ce titre pour pouvoir les relier. Maintenant, elles me donnent l’impression d’être chacune une facette des deux autres. Autant mon solo La Nuit fait vivre le silence, autant le duo des garçons est bruyant, comme si j’avais opposé deux tensions très fortes. Entre Dalila et moi il y a cette sensation de s’être mises dos à dos pour exposer la même chose. Les pièces se complètent, résonnent l’une dans l’autre.
 
Existe-t-il des thématiques dans ces pièces ?
 
N. B. : Je ne fonde pas mon travail sur une thématique, j’ai juste la sensation, quand je termine une pièce, que c’est une vague qui m’a portée à un endroit, et que la suivante va m’emmener plus loin. Il existe une tension, vers cette histoire de trait ou de boucle qui traverse toutes mes pièces. Des composantes très claires reviennent à chaque fois – l’hypnose, la transe, etc -, mais je sais que chacune des pièces doit amener l’interprète à atteindre un état dans lequel il n’est pas habituellement. Pour Le Cercle, j’ai poursuivi le travail commencé en Algérie, cela donne un état de corps et un état de conscience qui se conjuguent avec un lâcher prise extrême. Les pièces sont un cheminement, et amènent le public à éprouver ce cheminement.
 
Propos recueillis par Nathalie Yokel


Festival d’Avignon. Salle de Montfavet. Du 8 au 14 juillet 2012 à 18h, relâche le 11. Tél : 04 90 14 14 14. Durée estimée : 1h30.
 
Le Trait / Salle de Montfavet
Conception Nacera Belaza

A propos de l'événement


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