La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2022 - Gros Plan

Le Sacrifice de Dada Masilo

Le Sacrifice de Dada Masilo - Critique sortie Avignon / 2022 Avignon Festival d’Avignon. Cour du Lycée Saint-Joseph
John Hogg / Le Sacrifice par Dada Masilo

Festival d'Avignon / Cour du Lycée Saint-Joseph

Publié le 26 juin 2022 - N° 301

Pour cette pièce, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo s’est dite inspirée par le Sacre du Printemps. Loin de compléter la longue liste des relectures ou versions du Sacre, son travail s’en affranchit. Elle convoque ses propres forces rituelles et se connecte à d’autres réalités.

Toujours pétillante, Dada Masilo passe pour une boule d’énergie avide de faire sauter les frontières. Son rapport à la danse, en tant que chorégraphe, traverse une histoire occidentale de cet art qu’elle maîtrise, digère, et renvoie dans ses cordes. Ses pièces en forme de ballets africains contemporains aiment s’appuyer sur le répertoire classique comme autant de points de départ narratifs qu’elles réinterrogent. Son Lac des Cygnes, sa Giselle, portent les stigmates d’une société en pleine ébullition, faisant du corps un vecteur politique. Rajoutons à cela un franc plasticage des codes de la danse, dans une « fusion », comme elle le dit elle-même, des esthétiques et des techniques. Dada Masilo s’intéresse ici à l’un des premiers monuments de la modernité en danse, porté pour la première fois par les Ballets Russes en 1913. Frappant les esprits autant par la chorégraphie de Vaslav Nijinski que par la musique d’Igor Stravinsky, le Sacre du Printemps n’a cessé de faire des petits. Dada Masilo en prend particulièrement la mesure alors qu’elle est étudiante à Bruxelles, à l’école P.A.R.T.S créée par la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker. Mais, là, c’est dans celui de Pina Bausch qu’elle glisse ses pas, débarrassés de la référence à la Russie païenne.

Rituels du Botswana

Portée par cette histoire très vive, Dada Masilo fait le choix déterminant de laisser de côté la musique de Stravinsky. Pourtant, chants, rythmes et scansions resteront sa ligne directrice, avec quatre musiciens sur le plateau. Elle situe sa pièce dans un environnement scénique certes épuré et abstrait, mais qu’elle relie à la culture du peuple Tswana par ses rituels et ses danses, comme un retour à un héritage personnel. Le sacrifice originel d’une « élue » par sa communauté se fait plus complexe, plus nuancé. Danses animalières, jeux de séduction, processions d’objets de consommation du quotidien… les douze danseurs questionnent la notion de sacrifice, à l’aune de son objet ou de son sujet. Quel sens lui donner, dans le poids du collectif, face aux ancêtres comme devant notre monde si trouble ?

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Le Sacrifice
du lundi 18 juillet 2022 au lundi 25 juillet 2022
Festival d’Avignon. Cour du Lycée Saint-Joseph
62 rue des Lices

à 22h, relâche le 21 juillet. Tél. 04 90 14 14 14. Durée : 1h.

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