1830 Sand, Hugo, Balzac tout commence… de Manon Montel
À travers l’histoire d’un trio amical [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Christiane Jatahy
Dans un dispositif qu’elle tient à garder en partie secret, avec Le présent qui déborde, la brésilienne Christiane Jatahy poursuit sa quête des figures contemporaines d’Ulysse à travers le monde, et tout particulièrement dans le Brésil de Bolsonaro.
Vous créez à chaque spectacle des dispositifs surprenants et originaux, qu’en sera-t-il cette fois ?
Christiane Jatahy : Le spectacle débutera par un film. Au Liban, en Grèce, en Afrique du Sud, au Brésil et dans la forêt amazonienne, nous avons rencontré des personnes réfugiées, dans le sens large du terme. Des personnes qui sont dans une situation de présent éternel, dans l’impossibilité de retourner chez elles, et pour qui avoir un chez-soi, une maison, tient de l’utopie. Il y a parmi eux des hommes, des femmes, des enfants. Des Ulysse, des Pénélope, des Télémaque. Tous attendent quelque chose. Nous leur avons fait interpréter des textes mélangeant Homère et leur situation actuelle.
Comment ce film s’articulera-t-il avec le théâtre ?
C.J. : C’est une surprise que nous voulons garder. Disons qu’au début, le spectateur sera comme dans une salle de cinéma. Et qu’ensuite, ce qui se passera sur scène viendra compléter le film. Ce sera en fin de compte une sorte de film 3D, dans le sens où le théâtre va s’avancer dans le film. L’idée, c’est qu’on traverse la frontière entre les deux espaces, jusqu’à ce que cette frontière disparaisse. J’ai envie que le public se sente comme le chœur d’une tragédie grecque. Que parce qu’il regarde l’histoire, il la modifie. Il faut penser que notre action ici peut changer la vie des autres là-bas.
Ce deuxième volet de l’Odyssée est-il affecté par la situation nouvelle au Brésil ?
C.J. : Dans la deuxième partie, nous arrivons au Brésil. Au début, je voulais travailler avec des personnes quittant le Venezuela. Mais nous sommes à notre tour, au Brésil, dans la possibilité de l’exil, de ne pas avoir la possibilité de résister. Parce que la guerre, c’est ici et maintenant. C’est pour cette raison que j’ai décidé de travailler sur la forêt amazonienne. Car c’est un exemple éloquent de la mentalité et de la violence de ce gouvernement. Ils sont prêts à détruire la forêt, la culture et la démocratie. C’est ce qui se passe ici.
L’activité artistique est-elle menacée par l’arrivée de Bolsonaro ?
C.J. : Moi j’ai heureusement la possibilité de travailler avec l’étranger, alors, pour l’instant, je ne suis pas touchée. Mais Bolsonaro a supprimé le ministère de la Culture. Les investissements ont cessé par exemple dans le cinéma. Si cela continue, il n’y aura bientôt plus de cinéma brésilien. Et cette situation ne concerne pas que la culture. Ils s’attaquent aussi à l’éducation. Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. Ce gouvernement est fanatique, il mélange l’hyper conservatisme et l’ultra-libéralisme.
Propos recueillis par Eric Demey
à 18h, le 12 à 15h, relâche le 7. Tel. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h30.
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