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Danse - Critique

Le jubilatoire « Play » d’Alexander Ekman à nouveau acclamé au Palais Garnier

Le jubilatoire « Play » d’Alexander Ekman à nouveau acclamé au Palais Garnier - Critique sortie Danse Paris Palais Garnier
Play d’Alexander Ekman par les danseurs de l’Opéra national de Paris © Ann Ray - OnP

Palais Garnier / Chorégraphie Alexander Ekman

Publié le 15 décembre 2024 - N° 328

Play d’Alexander Ekman, initialement créée avec succès en 2017, revient à Garnier avec une fin remaniée. Jubilatoire !

Alexander Ekman est aujourd’hui connu du grand public pour avoir été le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques de Paris. Mais cela fait bien longtemps qu’il déplace les foules vers le Palais Garnier, tant depuis sa création en 2017 sa pièce Play, conçue pour le Ballet de l’Opéra, provoque l’engouement. Quel est donc le secret du succès de cette féérie un brin surréaliste ? On voit dans le premier acte de Play mille choses extraordinaires. Dans un décor tout de blanc vêtu que surplombe d’énormes cubes immaculés, se détache un arbre et le pull vert de Loup Marcault-Derouard. Il s’était emparé à l’automne du Rearray de William Forsythe avec un naturel déconcertant, a campé ensuite un Jeff Buckley sublime dans Grace de Benjamin Millepied, il est encore une fois d’une présence vibrante dans Play. Toute une jeunesse en short et jupettes plissées fait son activité physique. Un astronaute, visage éclairé dans son casque, déambule. Un homme à la crinoline démesurée est tracté par deux créatures dotées d’une sphère blanche en guise de tête. Une autre boule blanche défile perchée sur deux jambes que prolongent des pointes. Des femmes-cerfs munies de bois bondissent allègrement.

Une invitation à jouer pleinement

Un ballon de baudruche géant s’envole dans le public. Une pluie torrentielle de balles vertes s’abat sur la scène, pour le plus grand plaisir des interprètes qui s’y jettent, s’y ébrouent comme le font les enfants s’élançant dans les flaques. Dans cette fusion de surprises, la danse est finement composée, qu’elle flirte avec le classique ou soit plus contemporaine. L’acte II, tout de gris et de brouillard vêtu, est l’exact pendant de son prédécesseur. Nos rêveurs impénitents, nos enfants joyeux et indomptables ont grandi et enfilé costumes et lunettes. Ils exécutent des gestes précis et mécaniques, fument dans un espace vitré, sont pris par le temps, comme absents à eux-mêmes. La danse est toujours belle mais la fête n’est plus là. Ce qui ne manque pas de faire naître une certaine frustration, tant l’invitation lancée par Alexander Ekman de jouer pleinement, même si cela doit être en partie par procuration à travers les danseurs et danseuses, a su provoquer une envie irrépressible. Frustration qui s’amenuise alors que nos protagonistes semblent se libérer à la toute fin du spectacle. Et qui vole en éclat quand vient après les premiers tonnerres d’applaudissement le moment, intensément ludique et jubilatoire, des rappels.

Delphine Baffour

A propos de l'événement

Play
du samedi 14 décembre 2024 au samedi 4 janvier 2025
Palais Garnier
Place de l'Opéra, 75009 Paris

Les 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 26, 27, 28, 31 décembre et 2, 3, 4 janvier à 20h00, les 28, 29 décembre et 4 janvier à 14h30. Tél. 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr. Durée : 1h55 avec un entracte.

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