La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Donneur de bain

Le Donneur de bain - Critique sortie Théâtre
Crédit : Pascal Victor Artcomart. Légende : Charles Berling, Barbara Schulz et Bruno Wolkowitch dans Le Donneur de bain.

Publié le 10 juin 2010

Dan Jemmett met en scène Charles Berling, Alain Pralon, Barbara Schulz, Bruno Wolkowitch…, dans la première pièce de Dorine Hollier. Une fable historique lourdaude qui nous plonge dans le Paris de la fin du XIXème siècle.

Un savant fou stigmatisé pour sa laideur, un vieux garçon de bonne famille, un ministre corrompu, un apprenti comédien sur le point de faire ses premiers pas sur la scène du Châtelet, une prostituée insensible et sa domestique. Tous habitent le même immeuble, à Paris, en 1878, à l’époque où les pauvres « ne se lavent pas ou alors très peu », comme l’explique Dorine Hollier dans la note de présentation du Donneur de bain. Une époque où les riches, eux, faisaient venir à domicile des donneurs de bain qui, munis de leur baignoire escamotable, de leurs draps et de leurs onguents, les lavaient, les massaient, les écoutaient, les tranquillisaient… « Psychanalystes avant l’heure, ils dissèquent, dissolvent les pensées sales des messieurs de la haute dans l’eau du bain », poursuit la dramaturge, artiste touche-à-tout d’origine québécoise qui, avant de signer cette première pièce, a été chanteuse de variété, comédienne, parolière pour « divers artistes internationaux », auteure et metteure en scène de comédies musicales (Anges et démons, Trazom). Interprétant le rôle-titre de cette histoire à la fois simpliste et alambiquée, Charles Berling incarne donc un laveur d’âme autant qu’un laveur de corps, personnage qui agit comme un révélateur photographique, faisant apparaître les natures peu glorieuses de cette petite communauté.          
                                                                              
Laver les corps et les âmes… 
Ne cessant de monter et de descendre les marches donnant accès aux différents espaces du carrousel monumental imaginé par le décorateur Dick Bird, les sept protagonistes du Donneur de bain créent un mouvement perpétuel qui, dès le début de la représentation, donne le tournis. Les éclats de voix et le jeu forcé des comédiens ne viennent évidemment pas apaiser cette déplaisante sensation. Passons sur les différentes péripéties de cette métaphore visant à dénoncer, via le XIXème siècle, les excès hygiénistes de notre société contemporaine. Ils sont sans intérêt. D’ailleurs, au sortir des deux heures que nous inflige ce mauvais spectacle, on se dit que la principale carence de ce Donneur de bain n’est finalement pas tant le manque d’inspiration de la pièce de Dorine Hollier que celui de la mise en scène de Dan Jemmett. Car il est rare que l’on ne puisse pas, à un degré ou un autre, atténuer les lacunes d’un texte grâce à une mise en scène habile, aiguë, dense ou imaginative. Mais, ici, rien de tout cela. Passant à côté de toute notion de profondeur ou d’intériorité, Dan Jemmett donne corps à une représentation vaine et fastidieuse. Une représentation que l’on tâchera, au plus vite, d’oublier.
 
Manuel Piolat Soleymat    


Le Donneur de bain, de Dorine Hollier ; mise en scène de Dan Jemmett. Du mardi au samedi à 21h, matinées le samedi à 16h. Théâtre Marigny, Carré Marigny, 75008 Paris. Réservations au 0 892 222 333*(0.34€/mn) ou sur www.theatremarigny.fr. Durée de la représentation : 2h05.

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