François Houart rend hommage aux valeureux avec lesquels il a passé son enfance dans un improbable home pour réfugiés des pays de l’Est et s’entretient avec leurs fantômes éloquents.
« Le carré des cosaques » est le nom donné par les fossoyeurs de Braine-le-Comte à la pelouse où s’alignent des croix orthodoxes aux inscriptions illisibles et aux noms imprononçables. Ceux des réfugiés avec lesquels François Houart a passé son enfance, « une baronne polonaise, des ex-officiers russes, de simples cosaques, des réfugiés slovènes, hongrois, serbes, croates » échoués en Belgique, dans les années 60, dans une sorte de kibboutz farfelu et surréaliste où l’on vivait de charité et de débrouille. Bien que morts et enterrés, les pensionnaires viennent assister au spectacle que l’ancien gamin leur consacre avec une tendre irrévérence. Les fantômes envahissent le plateau et François Houart construit une fable ludique en farfouillant parmi les chaussures rangées sur un bric-à-brac d’étagères déglinguées, passant avec entrain d’un soulier à un souvenir. Bercé par les chants orthodoxes et les récits de ces personnages insensés, François Houart a « appris tout doucement le métier de vivre » en compagnie de ces extraordinaires rescapés de l’Histoire. Brigitte Baillieux a mis en scène la mémoire mise en texte de celui qui la retrouve en l’interprétant.
Avignon Off, Le Carré des cosaques, de et avec François Houart ; mise en scène de Brigitte Baillieux. Du 7 au 27 juillet 2010 à 15h30 (relâche le 19). Théâtre des Doms, 1bis, rue des Escaliers Sainte Anne. Tél. : 04 90 14 07 99.