Nos Limites
Conçu par Radhouane El Meddeb d'après une [...]
Le metteur en scène Ivo Van Hove projette la comédie de Molière dans l’univers de la finance.
Avarice, tyrannie domestique, égoïsme, sexisme… Les maux que Molière épingle à la pointe sèche et pique sur le dos d’Harpagon, pingre veuf et père aussi mesquin, font de L’Avare une amère et redoutable comédie, qui continue de planter ses tranchants éclats au cœur de l’actualité. Car l’argent pèse au bas mot partout et exige qu’on lui voue tout, aujourd’hui peut-être plus qu’hier. Dévoré par la passion de posséder, le vieux rapace cajole sa fortune sans même la croquer d’un sou, préférant la perspective de pouvoir jouir des êtres comme des choses aux réels plaisirs du bien vivre ou à l’affection des siens. Il y sacrifie ses enfants et sa fille en particulier, ses domestiques, réduits à la mendicité et au vol, le confort de sa maison, mais aussi sa réputation et sa santé. Le tout donne la farce que l’on sait…
L’argent, remède contre l’angoisse
Après Le Misanthrope en 2010, Ivo Van Hove revient à Molière et son Avare, qu’il transplante dans notre époque rongée par le matérialisme et l’égocentrisme. Comme toujours, le metteur en scène belge décape la patine qui finit toujours par encrasser un peu les classiques. Il voit dans cette avarice non le défaut caractériel d’un homme mais le symptôme d’une société saturée d’informations, bâtie sur l’argent, au point que les mécanismes de la finance s’insinuent au plus intime de la vie privée. Son Avare suit les cours de la bourse, zappe d’un portable à l’autre, d’un réseau à l’autre et amasse toujours plus comme remède à l’angoisse face au vide existentiel. Jusqu’à la destruction.
Gwénola David
Conçu par Radhouane El Meddeb d'après une [...]