Une soirée avec Ange et Bert, l’inclassable duo
Deux occasions de retrouver l’inclassable duo [...]
Encore un coup de maître au Théâtre de la Tempête avec un spectacle désopilant et revigorant sur les angoisses contemporaines, entre crise climatique et déboires du patriarcat. Immanquable !
L’esprit de sérieux est allergique au mélange des genres. Comique et tragique, superficiel et profond, grave et léger : il faut être Shakespeare ou Hugo pour fabriquer des monstres théâtraux. Avec leur nouveau spectacle, les membres du collectif L’Avantage du doute réussissent ce pari audacieux. Ils s’emparent avec fougue des thèmes, ô combien scabreux, des disputes du moment : régime végétarien, fonte du permafrost, solastalgie de l’ours blanc, domination masculine, incurie des adultes et violence accusatoire des enfants, contraints, comme Zeus, de buter Kronos avant qu’il ne soit trop tard. Entre ricanements climatosceptiques et niaiserie des Robinsons 2.0, crispation identitaire et schizophrénie des comportements, on peine à trier entre alertes et fantasmes et à adopter la distance qui est la marque de l’humour et celle de la raison. L’Avantage du doute tranche dans le vif : ses membres choisissent la farce sur fond de constat accablé, parvenant à tenir ensemble, comme le disait Mallarmé à propos de Villiers de l’Isle-Adam, les « deux modes en secret correspondants du rêve et du rire ».
Finesse, perspicacité et humour
Mélanie Bestel, Judith Davis (en alternance avec Servane Ducorps), Claire Dumas, Nadir Legrand et Maxence Tual s’installent dans la scénographie foutraque imaginée par Kristelle Paré et virevoltent allègrement entre les saynètes. Ils dynamitent la narratologie à grands renforts de mises en abyme, d’adresses directes au public, de confessions intimes et de clins d’œil à la grande famille du théâtre subventionné. Plus les sujets sont graves, plus on rit : le parricide à la truelle et les déboires existentiels d’une sorcière moderne résistant aux injonctions à la maternité alternent avec le tourment périnéal d’un mâle en déconstruction, le dîner entre amis s’achevant en séance de tir à l’arc et le retour à la terre des bobos de Noirmoutier. Les comédiens sont tous excellents et tiennent remarquablement l’équilibre entre gravité et bouffonnerie. Le décalage est constant, toujours jubilatoire. Le texte évite les écueils du pontifiant et du vulgaire, réussissant à faire surgir un sens unifié de cette apparente pagaille. En accueillant cet excellent spectacle, le Théâtre de la Tempête fait encore une fois la preuve de l’intelligence audacieuse de sa programmation. Chaudement recommandé en cet hiver de notre déplaisir !
Catherine Robert
du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h. Tél. : 01 43 28 36 36. Durée : 1h45. Tournée : 16 janvier au Théâtre de Corbeil-Essonnes, 30 et 31 janvier à Malraux – Scène Nationale Chambéry Savoie, 6 au 8 février au Théâtre Sorano – Toulouse, 19 et 20 février à la Scène nationale 61 – Flers , 14 mars au Théâtre du Jura – Delemont (CH), 27 et 28 mars au Théâtre de Lorient – CDN, 5 avril au Théâtre Le Rive Gauche – Saint-Étienne-du-Rouvray.
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