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L’auteur et metteur en scène Nasser Djemaï crée un conte d’aujourd’hui, récit initiatique entre rêve et réalité porté par Radouan Leflahi, qui s’avance vers l’enfance et ses puissants feux. Une partition maîtrisée de bout en bout, où l’intime révèle l’universel.
Mêlant habilement le concret du quotidien et l’échappée onirique, le conte d’aujourd’hui signé par Nasser Djemaï et porté par Radouan Leflahi est une pépite, qui touche et interroge sur le sens de la vie. C’est un récit initiatique que raconte à la première personne Mehdi, septième d’une fratrie de six garçons, né dans une famille structurée par la pauvreté et le dur labeur, mais aussi par l’amour qui transcende les blessures. À 6 mois, il est éjecté de son landau. Ce n’est que le premier d’une série d’accidents qui bien plus tard lui valurent le surnom de Kolizion. « Il est bizarre ce petit, on dirait qu’il comprend tout. » se disent ses parents. Il faut dire que Mehdi, « le guide éclairé par Dieu », ainsi nommé par sa mère à cause d’un rêve – une macro collision ! –, est contrairement à ses frères excellent élève. Jusqu’à devenir une véritable machine à gagner. Comme l’histoire du petit Nabil dans Une étoile pour Noël (2003), seul en scène qui l’a fait connaître et a connu un succès considérable, le parcours de Mehdi est irrigué par l’univers familial de Nasser Djemaï, mais dans une veine différente. Les enjeux liés à l’identité, les dysfonctionnements de la société, les douleurs qui endeuillent le monde, tout cela est plutôt voué à demeurer hors champ, çà et là en filigrane. L’histoire de Mehdi se joue surtout dans le rapport à l’enfance qui a semé ses puissants repères, dans l’apprivoisement du temps qui entraîne une forte tension, entre enfermement dans une course éreintante et invitation à s’en extirper, à ne pas laisser de côté la liberté.
Impressions d’enfance, entre lumière et incendie
En cela, bien qu’il creuse l’intime de souvenirs uniques, le conte déploie une quête de sens universelle et émancipatrice, avançant d’illusions en déconstructions, oscillant entre rêve et réalité, et même jalonnée de quelques conversations avec George Clooney. Traumatisé par un feu de fourmilière qui s’est propagé, habité d’incendies intérieurs, Mehdi est un personnage complexe, en proie au doute, qu’interprète avec justesse et passion Radouan Leflahi. Grâce à l’irruption du rêve qui tord le réel, le conte évite l’écueil des habituels poncifs liés aux trajectoires des transfuges de classe, aux barrières et empêchements qui freinent l’ascension sociale de ceux qui sont en bas de l’échelle. Sur le plateau qui devient terrain vague désolé jonché de bribes du passé, parsemé de ces livres amis et alliés qui l’ont transformé – la scénographie est signée par Emmanuel Clolus –, l’avancée de Mehdi, fils d’Hayat (« la vie ») et de Malek (« le roi »), fait place à la famille, qui écoute et oblige. Dans ce chantier labyrinthique où il peine à trouver sa route, brille la douce lumière de leur présence. Les branches du récit prennent racine dans des chemins d’enfance, et à travers l’intime s’élèvent vers l’universel.
Agnès Santi
du mardi au vendredi à 20h, samedi à 18h, dimanche à 16h. Tel : 01 43 90 11 11. Durée : 1h40. www.theatre-quartiers-ivry.com
En tournée
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