La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Opéra - Critique

Laurent Pelly et Marc Minkowski présentent une Périchole vitaminée

Laurent Pelly et Marc Minkowski présentent une Périchole vitaminée - Critique sortie Classique / Opéra Paris Théâtre des Champs-Élysées
Légende : La Périchole d'Offenbach dans la mise en scène de Laurent Pelly Crédit : Vincent Pontet

Opéra mis en scène / Théâtre des Champs-Elysées

Publié le 15 novembre 2022 - N° 304

Complices depuis 25 ans dans Offenbach, Laurent Pelly et Marc Minkowski proposent une Périchole enlevée, portée par deux distributions vocales, en alternance, à l’instinct bouffe confirmé.

Un quart de siècle après leur rencontre pour Orphée aux enfers à l’Opéra de Lyon, et une quinzaine de productions plus tard, Laurent Pelly et Marc Minkowski ne se lassent pas de redonner vie au génie d’Offenbach, avec cette symbiose inimitable entre la fosse et le plateau dans l’élan comique. Leur Périchole, dans une coproduction du Théâtre des Champs-Elysées avec Toulon, Dijon et Liège, ne la dément pas, avec le concours des fidèles partenaires du metteur en scène français. Sans forcer l’actualisation, la scénographie dessinée par Chantal Thomas rapproche le Lima de pacotille d’un cadre urbain vaguement hispanique où errent Périchole et Piquillo, des chanteurs de rue sans le sou et sans domicile fixe. A ce clin d’oeil quasi réaliste, un peu attendu dans la veine de la décoratrice, mais sans jurer avec la pièce, succède, au deuxième acte, un très habile et théâtral salon de miroirs parfois déformants dans un palais du Vice-Roi où chacun s’épie et se regarde, et sur lequel passe peut-être l’ombre de Velasquez, tandis qu’au fil de la soirée, les différentes faces d’un portrait plus grand que le fond de scène permettent de reconstituer l’effigie du tyran. Le resserrement des dialogues par Agathe Mélinand est secondé par une direction d’acteurs où se reconnaît le vocabulaire de Laurent Pelly, en particulier les ensembles rangs d’oignons dont il sait si bien tirer le parti humoristique.

Des accents de tendresse

Sous la baguette de Marc Minkowski, les pupitres des Musiciens du Louvre ne se contentent pas de relayer la vitalité parodique de la partition – à l’exemple de la scène de la pendaison de Piquillo, écho à celle de Papageno dans La Flûte enchantée. S’appuyant sur une petite harmonie chatoyante, le chef cisèle les demi-teintes de tendresse parfois amusée d’une musique qui ne se résume pas aux embardées rythmiques que le rehaussement de la fosse souligne probablement, sans écraser pour autant les chanteurs. Une telle délicatesse de sentiment se retrouve dans le rôle-titre incarné par Antoine Dennefeld : au-delà de la vigueur de caractère du personnage, la mezzo alsacienne distille une douceur pétillante qui sait jouer avec la sensualité des tempi, complémentaire du Piquillo corsé de Stanislas de Barbeyrac, faux matamore aussi impayable que l’émérite Don Andrès de Ribeira de Laurent Naouri, reconnaissable à la première note. Rodolphe Briand (Panatellas) et Lionel Lhote (Hinoyosa) font la paire, aux côtés du trio contrasté des trois cousines (Chloé Briot, Alix Le Saux et Elénore Pancrazi). Il n’est pas jusqu’au Choeur de l’Opéra de Bordeaux, mijoté avec précision par Salvatore Caputo, qui ne participe à la réussite d’une soirée aux recettes efficaces, et dont on ne se lasse pas.

Gilles Charlassier

A propos de l'événement

Périchole
du dimanche 13 novembre 2022 au dimanche 27 novembre 2022
Théâtre des Champs-Élysées
15 avenue Montaigne, 75008 PARIS

 

à 19h30, le dimanche à 17 heures. Tél : 01 49 52 50 50.

À l'Opéra de Toulon du 28 au 31 décembre 2022.

 

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