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Laurence Kassovitz met en scène et en signes la pièce Stabat mater furiosa du poète Jean-Pierre Siméon. Un cri contre la guerre, contre la violence qui résonne particulièrement aujourd’hui.
Stabat mater furiosa est votre première mise en scène, autofinancée par votre association À l’avenir que vous confondez en 2013. Pourquoi ne venir à la mise en scène qu’aujourd’hui ?
Laurence Kassovitz : Avec la metteure en scène Myriam Tanant, cofondatrice de l’association aujourd’hui décédée, nous avions depuis longtemps le projet d’une mise en scène. Très prises par les ateliers que nous organisons, à destination des jeunes parisiens qui n’ont pas accès au théâtre, nous n’avons pas réussi à le faire ensemble. La nécessité d’une création s’est imposée pendant le confinement, en 2020. Pour maintenir le lien avec mes élèves, j’ai travaillé avec eux sur plusieurs textes. Avec la comédienne Marion Bégoc, nous nous sommes penchées sur Stabat mater furiosa de Jean-Pierre Siméon, qui nous a passionnées.
En quoi ce cri de femme contre la guerre vous a-t-il particulièrement touchée ?
L.K. : Mon goût pour le théâtre vient d’abord du texte. Celui de Jean-Pierre Siméon, qui est avant tout un poète, me bouleverse en premier lieu par sa richesse littéraire, par son ouverture. La colère, le coup de gueule de cette femme qui s’insurge contre la guerre, le meurtre, la bêtise aveugle est aussi une chose qui nous a beaucoup émues toutes les cinq – Marion Bégoc, la comédienne bilingue Célia Darnoux, Christelle Pezzuchi qui nous a assistées pour la mise en mouvement et le traitement de la langue des signes, l’assistante à la mise en scène Louise Belkacem et moi –, à un moment où l’on parlait d’« entrer en guerre » contre le virus. La guerre en Ukraine prouve aussi tristement l’intemporalité de ce texte…
Vous parlez de langue des signes. Pourquoi avoir décidé de créer un spectacle bilingue ?
L.K. : Le monde étant sourd à la nécessité d’une pacification, il m’est apparu évident de travailler avec la Langue des Signes Française (LSF), comme un symbole de ce qui pousse cette femme à la révolte. La question de la traduction qui s’est posée a été aussi complexe que passionnante à traiter. Nous nous en sommes chargées toutes ensemble, afin de trouver en LSF des images proches de celles du texte, lorsque celui-ci est intraduisible littéralement. À ces moments-là, nous poussons le signe vers la danse.
Vous avez pris le parti d’une scénographie très minimaliste pour votre duo.
L.K. : Ce minimalisme est d’abord lié à une contrainte : ayant complètement autoproduit le spectacle, de manière entièrement bénévole, nous n’avions pas les moyens de décors coûteux. De plus il est évident pour moi que nous sommes tenus aujourd’hui à une grande sobriété face aux violences capitalistes. Toute la place est ainsi laissée à la parole du poète. Ce spectacle pourra ainsi se jouer partout, en particulier nous l’espérons là où il y a violence. Nous désirons aussi très fort avoir une rencontre nourrie avec la communauté sourde, continuer de partager l’aventure avec elle.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
les jeudis, vendredis et samedis à 21h, les samedis et dimanches à 16h. Tel : 01 48 08 39 74. www.epeedebois.com/
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