Nu donne à entendre les témoignages de modèles posant nu, un spectacle du metteur en scène David Gauchard
A la façon d’une enquête sociologique, Nu [...]
L’auteur et metteur en scène haïtien, Guy Régis Junior, porte sur les planches le deuxième volet de sa trilogie consacrée à l’exil forcé. Le destin d’un fils boat-people fuyant une terre dévastée pour retrouver sa mère au Canada sert de fil rouge poétique. Et politique.
« Je voulais arriver à mettre en écrit l’histoire de ce pays dépeuplé, de ces exilés forcés, partis pour trouver une vie nouvelle. J’ai tellement vu en Haïti ces gens qui arrêtent leur vie dans l’espoir de revivre ailleurs, pères et mères désespérés, fils et filles désœuvrés, s’acharner à être plus prêts, plus proches de leur rêve escompté. Moi aussi je viens de l’une de ces familles-là. D’une certaine façon, je suis un miraculé. J’ai échappé à cette fausse espérance. Il m’a fallu dix ans pour écrire cette trilogie. La première pièce qui ouvre le chapitre de cette longue traversée intéresse le père, Étalé deux pieds devant. La troisième, la mère : Et si à la mort de notre mère. J’ai fini d’écrire la seconde, Le Fils, aussi nommée L’amour comme une cathédrale ensevelie, bien des années plus tard. Ce texte a été échafaudé de manière différente.
Une pièce expressionniste
Au premier plan, il y a un couple : celui que forme la mère, haïtienne, exilée à Montréal, avec ce retraité canadien dont elle partage la vie. On est devant ce qui pourrait s’apparenter à une prosaïque dispute de couple. Mais le naufrage fait effraction ; le Fils serait mort pendant la traversée qui l’emmenait vers eux. Cette traversée du Fils a donné lieu à un travail de composition lyrique, à un oratorio. Toute la partie centrale, opératique, de la pièce, découpée en trois parties, est chantée à quatre voix dans une composition d’Amos Coulanges, avec un chœur qui représente le groupe des boat-people et le Fils. Une autre spécificité de la création tient à la vidéo, conçue par Dimitri Petrovic, qui accompagne l’ensemble des tableaux. Je défends un théâtre expressionniste. Nous avons tous ensemble travaillé dans ce sens, notamment avec l’actrice Nathalie Vairac, dont le jeu confine avec la transe en un ultime moment. Avec une ambition primordiale : rencontrer le public sur ce sujet-là, l’émouvoir au sens fort du terme ».
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du mardi au samedi à 20h30, les dimanches à 16h30. Durée : 1h30. Tél : 01 43 28 36 36.
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