Les Grands Entretiens : morts éminents à l’antenne
Dans Les Grands Entretiens, les comédiens [...]
Avignon / 2022 - Entretien / Oona Doherty
Oona Doherty, artiste irlandaise de Belfast, est la jeune chorégraphe que tout le monde s’arrache. Elle reprend Lady Magma au Festival d’Avignon, un quintette féminin intense et tribal.
Sur quel thème porte votre création, Lady Magma ?
Oona Doherty : Lady Magma est une pièce pour cinq femmes, belles, attirantes, très féminines, dans une perspective féministe. J’explore leur façon de prendre le mouvement, leur sexualité, leur dynamique, leurs rituels. Je souhaite trouver une nouvelle façon de travailler, dans une forme de lutte, mais avec plus de douceur. En même temps, se découvre quelque chose de tribal, de dionysiaque, de chaotique. J’ai sous-titré la pièce « naissance d’un rituel sous vos yeux », car ces femmes sont connectées et rendues plus fortes par la danse. C’est pourquoi j’ai utilisé l’unisson dans ma chorégraphie. Je me suis aussi inspirée de l’imaginaire des sorcières, des rites celtiques ou vaudous, et des représentations féminines des années 1970, qui ont une esthétique antiféministe que je voulais réinterroger.
Pourquoi ce titre ?
O.D. : Parce que la gestuelle de l’une des danseuses ressemblait pour moi à du magma, comme si elle fondait, ou ruisselait en s’affaissant. Je l’ai appelé Lady Magma, et cela m’a donné le titre, mais aussi le mouvement de base de la chorégraphie. Ce titre m’évoque aussi la mère de la mythologie grecque ou hindoue, les puissances fondamentales.
Vous parlez beaucoup de sexualité féminine…
O.D. : Oui, nous avons travaillé sur la contraction du vagin, et c’est une technique de tantra. Nous avons travaillé avec cette partie basse de notre anatomie pour créer du mouvement à partir de l’idée du plaisir féminin, sans pour autant être explicite et sans nécessité d’avoir l’air « sexy ».
On vous connaît plutôt pour avoir une gestuelle très masculine. Est-ce difficile pour vous de travailler à partir d’un vocabulaire corporel « féminin » ?
O.D. : Oui, pour moi c’est difficile, c’est pourquoi je ne danse pas dans cette pièce. C’est vrai que j’ai plutôt parlé dans mes précédentes pièces d’une « masculinité écorchée » qui est celle des hommes d’Irlande du Nord, avec une vulnérabilité sous-jacente.
Comment avez-vous recruté vos interprètes ?
O.D. : Elles sont parmi les meilleures danseuses et performeuses d’Irlande. Je leur fais confiance. Elles ont une grande justesse du geste, une honnêteté dans leurs intentions, rien n’est faux ou emprunté.
Propos recueillis par Agnès Izrine
à 21h30, relâche le 12. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 50 minutes.
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