Festival (Des)illusions, édition 2020 au Monfort Théâtre
En l’espace de trois week-ends, le festival [...]
Anne Berest a écrit et mis en scène un monologue sur les affres de l’enfantement que Lolita Chammah interprète avec crispation et précipitation, sans parvenir à véritablement convaincre.
Le personnage inventé par Anne Berest se plaint, et dans la mesure où la plainte – modalité expressive très en vogue en notre époque égotique – est rarement rationnelle, il faut bien l’entendre, même si on peine à la trouver justifiée. On est dans un appartement situé sur le campus de Minneapolis, aux Etats-Unis. Une jeune femme vient d’accoucher et regrette d’avoir abandonné la rédaction de sa thèse pour s’occuper de son enfant, pendant que son mari récolte seul les lauriers de la gloire universitaire. On est loin de l’image idyllique des époux Curie alternant vacances à bicyclette et découvertes géniales sur fond de bonheur familial ! La jeune scientifique incarnée par Lolita Chammah est submergée par les montées de lait et débordée par les pleurs de son nourrisson qui ne lui laisse pas le temps de se laver les cheveux. Elle expose avec force détails le malheur insondable de celle qui est assez intelligente pour comprendre les travaux de Grigori Perelman mais pas assez pour avoir réfléchi aux bienfaits de la contraception… Etrangement, rien n’est dit de ce mari absent qui peine à être féministe, et la société est accusée de tous les maux qui affligent la jeune mère.
Interprétation sans nuances d’un texte sans profondeur
Lolita Chammah choisit la facilité d’un débit de mitraillette entrecoupé de longues pauses de recueillement. Elle s’interdit ainsi toutes les modalités et tous les effets qu’aurait pu offrir une interprétation plus nuancée. La colère ne débande pas et ne trouve son contrepoint que dans le retour au calme assez niais des dernières minutes. Ce retournement tombe à plat et ravale la première heure d’éructation à une crise d’hystérie gênante. La mise en scène, minimaliste, limite l’occupation scénique à des allers et retours entre le fond et le devant du plateau, et le jeu sans distance renforce l’impression d’une vaine logorrhée. Admettons que la maternité est un enfer, que l’allaitement en public est une torture, que certaines femmes doivent injustement sacrifier leur carrière à leur famille, que les cadeaux offerts par les proches sont grotesques, que l’instinct maternel n’existe pas et que la société occidentale peine encore à admettre que les femmes sont dotées d’un esprit en plus que d’un ventre, mais tâchons peut-être d’envisager la possibilité de la lutte autrement que par l’égarement pitoyable d’une mère épuisée qui ne se souvient pas où elle a rangé le sucre pour adoucir l’amertume du thé et celle de son existence…
Catherine Robert
le dimanche à 15h30 ; relâche le lundi et le 1er mars. Tél. : 01 44 95 98 21. Durée : 1h15.
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Catherine Frot et Vincent Dedienne font [...]