Vive le Sujet ! Tentatives
Ce sont des femmes et hommes chorégraphes, [...]
La Ribot enterre Jeanne 1ère de Castille, dite Jeanne la Folle, et son spectacle avec.
Dans un Cloître des Célestins dépouillé, les vieilles pierres laissées à leurs herbes folles semblent d’abord battues par un vent de tempête, que soufflent les enceintes en attendant l’installation des musiciens. L’Orchestre de chambre de l’Auditorium de Saragosse – Grupo Enigma, dirigé par Asier Puga, accompagné du groupe vocal Schola Cantorum Paradisi, sont en réalité les véritables artisans de ce spectacle, dont l’incroyable richesse musicale fait tout l’intérêt. La performeuse espagnole La Ribot et Asier Puga ont sollicité le musicologue Alberto Cebolla autour de la figure de Jeanne de Castille, dont l’histoire, l’érudition, l’ouverture d’esprit aux courants artistiques de son temps ont donné matières et inspiration pour une partition musicale étonnante. Les sonorités médiévales et la polyphonie vocale croisent les inventions du compositeur contemporain Iñaki Estrada et les nappes sonores électro d’Alvaro Martin ; la puissance de leurs associations provoque d’intenses et fascinants moments d’écoute. Au cœur de ce dispositif, La Ribot et Juan Loriente tentent de donner un souffle à cette nouvelle tentative autour de Jeanne de Castille, plus de trente ans après El triste que nunca os vido.
Un sujet vidé de sa matière
Déboulant dans un costume de voiles donnant au visage une surface de projection tout en transparence, La Ribot s’expose ensuite debout sur son petit tabouret tournant, telle une reine fragile face à ses sujets, que Loriente chausse laborieusement d’escarpins rouge sang. Leur duo, entre courses et rattrapages, rhabillages et déshabillages, cris, étreinte au platane, et promenade à vélos, questionne. La performance se déploie au fil du coucher du soleil qui se reflète dans les lunettes de La Ribot jusqu’à disparaître et laisser la scène entre chien et loup. Cette atmosphère mystérieuse peine à dissimuler les faiblesses de la performance : aucune qualité de mouvement intéressante dans les actions de Loriente, qui montre un investissement corporel d’une grande banalité. On tombe dans l’ennui devant si peu de matières pour accrocher notre regard, et la perte du sujet dont les intentions initiales auraient pu réveiller la figure de Jeanne à l’aune de questionnements politiques actuels. Au lieu de cela, La Ribot l’enterre, au sens propre comme au figuré. Tout se joue sur la dernière scène, certes d’une grande beauté, mais si péniblement amenée qu’elle crée le malaise.
Nathalie Yokel
à 21h. Tél. : 04 90 14 14 14.
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