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À partir de textes de grands écrivains du XIXème siècle, Maxime d’Aboville tisse un récit de la Révolution française à la manière d’une chronique des grandes dates de cette période troublée. La voix vibrante du comédien en ressuscite les figures et les tribunes marquantes, donnant à l’Histoire une irrésistible chair théâtrale.
Dans la ligne de ses Leçons d’histoire, Maxime d’Aboville poursuit sa mise en forme théâtrale du roman national de la France avec La Révolution française. Troquant l’uniforme du hussard noir de la Troisième République de ses précédents spectacles pour un habit évoquant vaguement les dernières années du Siècle des Lumières, le comédien a puisé dans les textes des grands écrivains romantiques qui ont raconté cette période troublée devenue un mythe fondateur de la destinée républicaine de notre pays. Des extraits de Hugo, Michelet, Dumas et Lamartine ont été tissés ensemble pour composer une chronique d’une seule voix des grands moments de ces cinq années de bouleversements politiques. Le récit s’ouvre sur la prise de la Bastille, avec une emphase qui porte l’empreinte du lyrisme romantique. La voix haut perchée, aux harmoniques vibrants de Maxime d’Aboville, et une franche expressivité du visage, donne d’emblée à la narration un accent déclamatoire, porté par une évidente puissance oratoire. Avec un sens consommé de la dramaturgie, le comédien s’attarde davantage sur les événements à mesure que le tragique s’accroît.
La puissance théâtrale de la légende
Cet instinct viscéral de l’effet théâtral s’affirme dans les portraits des grands figures de l’époque, où, s’il ne prétend pas prendre explicitement parti, on devine ses affinités par le choix des morceaux littéraires – et plus encore par la manière dont ils sont déclamés. Charlotte Corday, la meurtrière d’un Marat sans humanité jusque par son aspect de batracien dans son bain, en devient presque une messagère inspirée par le bien public. La fin de Robespierre est celle d’un tyran qui a cédé à la mégalomanie. C’est Danton qui cristallise toute la sympathie de notre narrateur. La fougue et la verve légendaires du personnage, l’amour du peuple, sont restitués avec un élan passionné, ramenant l’évolution de ses prises de position à une manière d’épouser le cours de la Révolution, dont, à l’heure de la mort, il parle comme d’une maîtresse. Mis en scène par Damien Bricoteaux, avec pour seul accessoire un pupitre, quelques réglages d’éclairages et une discrète création sonore d’Aurélien Cros, le spectacle fait le pari de l’émotion verbale, non dénuée de traits d’humour, voire d’ironie, dans l’épilogue qui voit le retour de l’ordre et l’avènement de Bonaparte. Cette générosité presque cabotine sacrifie parfois une certaine subtilité historiographique, que sans doute Maxime d’Aboville lui-même ne revendique pas, ayant pris le parti de faire revivre la légende de la Révolution.
Gilles Charlassier
le mercredi à 19 heures et le samedi à 16 heures. Tél. : 01 43 87 23 23. Durée : 1h10
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