La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2022 - Entretien / Anaïs Müller et Bertrand Poncet

Là où je croyais être il n’y avait personne d’Anaïs Müller et Bertrand Poncet

Là où je croyais être il n’y avait personne d’Anaïs Müller et Bertrand Poncet - Critique sortie Avignon / 2022 Avignon Festival d’Avignon. Gymnase du lycée St-Joseph
Alexandre Quentin / Anaïs Müller et Bertrand Poncet auteurs et interprètes de Là où je croyais être il n’y avait personne

Gymnase du Lycée St Joseph

Publié le 26 juin 2022 - N° 301

Lauréats du Festival Impatience, Anaïs Müller et Bertrand Poncet incarneront leur cocasse duo d’Ange et Bert à Avignon. Après Un jour j’ai rêvé d’être toi, leur quête d’impossible identité se poursuit dans Là où je croyais être il n’y avait personne.

Qui sont Ange et Bert ?

Anaïs Müller et Bertrand Poncet : Des personnages, sincères comme des enfants, toujours au premier degré, ou au 20ème. Ce sont des clowns lancés dans une pensée qui ne s’arrête jamais. Dans un monde normé, ils sont sans mesure et on a du mal à les identifier. Ce sont des êtres désarmants par leur capacité à tout dire sans filtre. Ils se ressemblent et s’assemblent, sont joyeux et combatifs, un peu décalés, un peu désuets même.

Que font-ils dans Là où je croyais être il n’y avait personne ?

A.M. et B.P. : Ils tentent de jouer une scène de L’homme sans qualité de Musil mais ça ne prend pas. Alors ils se demandent de qui ils pourraient s’inspirer et un livre de Marguerite Duras, Ecrire, leur tombe littéralement du ciel. Ils vont donc essayer d’entrer dans l’univers de l’autrice, d’écrire une histoire d’inceste avec une sœur qui essaye de déclarer son amour à son frère mais n’y arrive pas.

« Nous essayons de comprendre comment l’Homme fonctionne avec ses mécanismes de désir »

Est-ce donc un spectacle sur Marguerite Duras ?

A.M. et B.P. : Ah non ! La phrase du titre est la seule de Marguerite Duras dans le spectacle. On se moque un peu du personnage qui prenait la parole sur tout, toujours avec une infinie conviction, jusqu’à en devenir parfois monstrueux. On évoque son narcissisme mais aussi le fait qu’elle n’a fait qu’écrire sur l’amour, en s’inspirant d’ailleurs de Musil. Surtout qu’à un moment, comme le dit Duras elle-même, il faut lâcher les modèles. Ce qu’elle a très bien fait sur le plan littéraire. Tout en rappelant sans cesse qu’il est peut-être impossible de lâcher tout ce qui nous a construits, et que c’est ça qui est beau.

Est-ce alors un spectacle sur l’identité ?

A.M. et B.P. : Nous essayons de comprendre comment l’Homme fonctionne avec ses mécanismes de désir, comment il se construit avec ses modèles. Comment on devient un peu soi-même et pourquoi ce qui nous paraît le plus intime, le plus personnel, ne l’est finalement pas. La question qui revient sans cesse, c’est « qu’est-ce que vivre ? ». Et c’est aussi « pourquoi l’art ? ». Car la question qui interroge notre présence sur terre, c’est aussi celle qui interroge pourquoi nous sommes là sur un plateau.

Est-ce sérieux tout ça ?

A.M. et B.P. : Nous aimons le second degré, l’autodérision. Au plateau, nous essayons de parler normalement, d’avoir une certaine théâtralité. Nous cherchons à ne pas jouer, à être plus ou moins comme dans la vie où on se coupe la parole, où on parle en même temps. Mais nous sommes aussi des acteurs qui aimons jouer, en quête de virtuosité, avec des effets à la seconde.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Là où je croyais être il n’y avait personne
du vendredi 22 juillet 2022 au lundi 25 juillet 2022
Festival d’Avignon. Gymnase du lycée St-Joseph
10 rue des Teinturiers, 84000 Avignon

à 15h. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h15.

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