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Pour sa dernière création en tant que directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, Catherine Marnas porte à la scène les aventures amoureuses et les lignes de fractures sociales du Rouge et le Noir. Une proposition qui passe à côté des éclats du roman de Stendhal.
Une plateforme part du plateau. Elle avance dans la salle, surplombe les premiers rangs d’orchestre qu’elle enjambe en leur milieu. C’est depuis ce praticable permettant aux comédiennes et comédiens (Simon Delgrange, Laureline Le Bris-Cep, Tonin Palazzotto, Jules Sagot et Bénédicte Simon) d’être au plus près d’une partie des spectatrices et spectateurs que des fragments de l’œuvre de Stendhal nous parviennent. D’autres pans de ce roman d’apprentissage paru en 1830 sont interprétés depuis l’espace dépouillé de la scène, dans des allers-retours entre dialogues et expositions narratives, mises en jeu théâtrales et projections vidéo filmées en direct. Inversant la trame du Rouge et le Noir, Catherine Marnas part de la fin de cette histoire pour revenir, très vite, à sa véritable chronologie. Avant même de découvrir les événements qui amèneront Julien Sorel à entamer une liaison avec Madame de Rênal, puis à conquérir le cœur de Mathilde de la Mole, s’ouvre à nous le procès à l’issue duquel le jeune homme brillant, mais de basse extraction, sera condamné à la guillotine. Il paiera pour ses excès, pour s’être autorisé à suivre la voie de ses ambitions, piétinant au passage les interdits de l’ordre social auquel il reste soumis.
Un transfuge du classe du XIXème siècle
« Être transfuge de classe, c’est un impossible repos, une tension dont on ne se défait jamais totalement. » Projetée sur l’un des murs du décor, cette citation d’Édouard Louis établit d’emblée un pont entre le destin du jeune ambitieux et les réflexions sur les conditionnements sociaux qui animent notre XXIème siècle. La mise en scène de Catherine Marnas cherche à dépasser le seul contexte de cette « Chronique du XIXème siècle » pour parler à notre époque. Son adaptation du Rouge et le Noir peine à rendre compte de la matière profonde, charnelle, remuante du roman de Stendhal. Elle morcelle les grands mouvements du texte, les survole, emprunte des raccourcis, accumule effets d’actualisation et emphases à vocation humoristique. Ces positions de surplomb et de décalage nous mettent à distance de situations qui devraient nous étreindre. Les exaltations et les souffrances de ces êtres coincés entre poussées de l’intime et restrictions du monde nous paraissent bien lointaines. Dans le rôle de Julien, Jules Sagot laisse percer, les yeux dans les yeux avec le public, quelques beaux états d’âme. On retient ses moments de vérité qui, à eux seuls, ne suffisent pas à recréer les souffles et les élans qui font du Rouge et le Noir le monument qu’il est.
Manuel Piolat Soleymat
Tous les jours à 20h, le 16 novembre à 14h30 et 20h, relâche le 11 novembre. Durée de la représentation : 2h10. Tél. : 05 56 33 36 80. www.tnba.org
Également du 29 novembre au 1er décembre 2023 à la Comédie de Béthune, du 10 au 12 janvier 2024 au Quai - CDN Angers Pays de la Loire, du 10 au 12 avril au Centre dramatique national de Tours – Théâtre Olympia.
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