La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La Dame aux jambes d’azur

La Dame aux jambes d’azur - Critique sortie Théâtre Paris Studio-Théâtre de la Comédie-Française
La Dame aux jambes d'azur, dans la mise en scène de Jean-Pierre Vincent. CR : Brigitte Enguérand

Studio de la Comédie-Française / Eugène Labiche et Marc Michel / mes Jean-Pierre Vincent

Publié le 29 janvier 2015 - N° 229

Pochade en un acte de Labiche, La Dame aux jambes d’azur propose une satire du monde théâtral qui a bien vieilli.

Plus de quarante ans que Jean-Pierre Vincent n’avait pas monté Labiche. Quarante ans, c’est aussi la période pendant laquelle, entre 1837 et 1877, Eugène Labiche écrivit pas moins de cent quatre-vingts comédies et vaudevilles. Une productivité extraordinaire favorisée par de multiples collaborations. Pour cette Dame aux jambes d’azur, le célèbre dramaturge a ainsi travaillé avec Marc Michel. Le résultat : une courte pièce à quatre mains qui se rit du monde du théâtre sous le Second Empire. Ici, les personnages portent les noms de ceux qui jouaient ordinairement des pièces de Labiche au théâtre du Palais-Royal où se pressait la bourgeoisie que l’auteur se plaisait tant à railler. Si la référence onomastique nous échappe désormais, la satire reste cependant perceptible : les acteurs sont dans cette pièce égocentriques, paresseux ou inconséquents au choix. En tout cas,  ils ne se plient pas aux consignes de l’auteur-metteur en scène qui tente de monter avec eux un opéra romantique particulièrement ringard. La pièce commence ainsi : la représentation de La Dame aux jambes d’azur est annulée – faute de préparation suffisante – et ce sont donc des répétitions auxquelles la salle est invitée à assister.

Cauchemardesque

S’ensuit une cascade de péripéties qui laissent entrevoir la médiocrité ampoulée du projet de l’auteur-metteur en scène, mais aussi l’indiscipline et l’individualisme de comédiens avant tout centrés sur leur propre personne. Bien que satirique, la comédie donne d’ailleurs plus dans la farce et le burlesque que dans la peinture d’une société, les procédés d’enchâssement et d’allers-retours entre réalité et fiction ajoutant à la confusion de la situation. Malheureusement, de ce joyeux tohu-bohu, Jean-Pierre Vincent a décidé de mettre en valeur la dimension fantastique, cauchemardesque, en somme une forme d’irréalité, qui doit se laisser percevoir à travers une certaine lenteur des enchaînements. Si les acteurs jouent juste, on est frappé par la faiblesse du rythme qui conduit chaque effet à s’étirer. On en vient ainsi, lors de cette première représentation, à douter du réel potentiel du texte à trouver une modernité. Contexte et références qui échappent largement, procédés comiques sages et convenus, intrigue linéaire sans rebondissements et critique académique du monde théâtral, on se demande finalement qui du temps qui passe, de Jean-Pierre Vincent ou d’Eugène Labiche a ainsi fait dérailler la mécanique du rire.

Eric Demey

A propos de l'événement

La Dame aux jambes d'azur
du jeudi 22 janvier 2015 au dimanche 8 mars 2015
Studio-Théâtre de la Comédie-Française
Carrousel du Louvre, 75001 Paris, France

du mercredi au dimanche à 18h30. Tél : 0825 10 16 80. Durée : 55mn

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