La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

La Cantatrice chauve

La Cantatrice chauve - Critique sortie Théâtre Toulouse Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Laurent Pelly Crédit : Polo Garat – Odessa

Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / d’Eugène Ionesco / mes Laurent Pelly

Publié le 22 février 2016 - N° 241

Après Les Chaises en 2003, Jacques ou la soumission / L’avenir est dans les œufs en 2008, Laurent Pelly revient au théâtre d’Eugène Ionesco avec La Cantatrice chauve. Il dirige, pour l’occasion, Georges Bigot, Christine Brücher, Alexandra Castellon Mary, Charlotte Clamens, Régis Lux et Mounir Margoum.

Vous définissez Eugène Ionesco comme un « écrivain des extrêmes ». Entre quels pôles opposés situez-vous son écriture ?

Laurent Pelly : Dans le théâtre de Ionesco, c’est toujours tout et son contraire. On se situe à la fois dans le tragique, dans une écriture au bord du désespoir et, en même temps, dans une dimension comique extrêmement forte. La Cantatrice chauve, comme ses autres pièces, navigue ainsi du plus noir au plus joyeux, du plus violent au plus léger… On est dans une contradiction continuelle.

Ce balancement perpétuel est-il, pour vous, de l’ordre du procédé de théâtre ou, plutôt, d’une dimension touchant à la métaphysique ?

L. P. : Clairement d’une dimension touchant à la métaphysique. Ionesco déploie vraiment une vision du non-sens de la vie. Il porte un regard sur le monde et sur l’humanité à la fois extrêmement lucide et entièrement décalé. Et c’est ça que je trouve fascinant : passer ainsi en permanence du traité métaphysique à la blague de potache. Car ce théâtre ne s’installe jamais dans la pesanteur ou l’esprit de sérieux. On est tout le temps dans la description du vide, mais l’esprit de clown n’est jamais très loin. Il y a une sorte de jeunesse qui relie le théâtre de Ionesco au monde de l’enfance.  

De jeunesse et de naïveté ?

L. P. : Oui, c’est ça. Un peu comme si Ionesco portait un regard d’enfant sur le monde des adultes. De petit enfant, même…

« Ce que j’ai eu envie de questionner, ce sont les choses que l’on met en œuvre, aujourd’hui, pour remplir le vide. »

La Cantatrice chauve, qui a été créée il y a plus de 60 ans, est devenu un classique du XXème siècle. Comment avez-vous souhaité vous le réapproprier ?

L. P. : En le replaçant dans un contexte contemporain qui réinvente le réel pas vraiment réaliste, ou le réalisme pas vraiment réel, auquel revoie l’univers de la pièce. Ce que j’ai eu envie de questionner, ce sont les choses que l’on met en œuvre, aujourd’hui, pour remplir le vide. Je me suis demandé comment, aujourd’hui, on arrive à faire face à l’angoisse et au vide de l’existence avec des idées comme le confort et la sécurité. J’ai cherché à comprendre ce que peut représenter, en 2016, un couple bourgeois…

Avec William Shakespeare et Victor Hugo, Eugène Ionesco est l’un des trois auteurs que vous avez le plus mis en scène. Quelles sont les caractéristiques de cette écriture qui vous semblent essentielles dans la relation intime qui vous unit à elle ?

L. P. : Je dirais le rapport à l’enfance dont j’ai parlé. J’aime beaucoup l’idée, chez Ionesco, de la réminiscence. Par moments, j’ai l’impression que ses pièces auraient pu être écrites par un enfant, sans forcément qu’il en connaisse le sens, de façon presque musicale. Et cette chose-là, cette impression, me touche beaucoup.  

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

La Cantatrice chauve
du jeudi 3 mars 2016 au samedi 26 mars 2016
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
1 Rue Pierre Baudis, 31000 Toulouse, France

Les mardis, vendredis et samedis à 20h30, les mercredis et jeudis à 19h30, les dimanches à 16h. Relâche le dimanche 6 mars. Durée de la représentation : 1h15. Tél. : 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com

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