No(s) Révolution(s)
Anna Schmidt, Anne Sée, Sara Vaz et Claude [...]
Le théâtre suit de près les évolutions sociales : en témoigne Les Inséparables, spectacle destiné au jeune public, qui s’empare du thème de la séparation et de la recomposition familiale sans verser dans le politiquement correct.
Quand on a autour de huit ans, un papa et une maman qui se séparent, et une grande sœur aussi attachante qu’agaçante, la vie n’est pas rose tous les jours. Dans Les inséparables, c’est le plus jeune des deux enfants qui raconte la tourmente de la recomposition familiale. Le traitement n’est pas réaliste, bien sûr, et les tribulations familiales donnent lieu à de nombreuses situations cocasses, mais le parcours des deux gamins n’en est pas moins tout à fait ordinaire : il emprunte le chemin qui devrait les conduire à accepter la séparation de leurs deux parents et l’irruption de nouveaux venus dans le paysage du quotidien. Toutefois, ce qui aurait pu s’apparenter à un parcours initiatique dont l’enfant sortirait grandi, l’adaptation du roman de Colas Gutman et la mise en scène de Léna Braban le transforment en une succession d’épreuves, où se réaffirme sans cesse la volonté des deux enfants terribles, un récit sans beaucoup de morale en somme, qui préserve l’insolence et le piquant du spectacle.
Le méchant, le burlesque et le transgressif
Papa quitte donc la maison pour s’installer chez une Pierrette, marâtre dotée de deux enfants qui n’inspirent aucune sympathie à notre duo. Dans le politiquement incorrect, la caractérisation de la nouvelle fiancée en « grosse » et de son fils en « porcinet » flirte dangereusement avec le côté obscur du rire, fût-elle bien entendu l’expression de la subjectivité de l’enfant narrateur. Passons. Dans une scénographie tout en palissades, qui permet en un clin d’œil de zapper d’une maison à l’autre, de chez maman à chez papa, en passant par la cour de l’école ou le zoo, le spectacle emprunte aux dessins animés une esthétique stylisée, un rythme rapide, des personnages très caractérisés, montés sur ressorts, qui jaillissent et disparaissent aussi vite, et un récit en séquences rapides qui multiplie les rebondissements. Le frère et la sœur sont pugnaces. Cruels et têtus comme peuvent l’être les enfants. Les parents pas vraiment à la hauteur ne valent pas mieux. L’humour donne dans le méchant, le burlesque et le transgressif, tout en restant léger et en ménageant quelques plages plus sentimentales. Tout cela est vivant et réjouissant et rappelle que dans la vie tout n’est pas bien qui finit bien. Et que finalement, c’est tant mieux.
Eric Demey
Le 23 mars à 15h, le 26 à 18h, le 27 à 16h, le 30 à 15h, le 2 avril à 18h, le 3 à 16h. Tel : 01 45 84 72 00. Egalement au Théâtre d’Ivry Antoine Vitez, le 16 mars à 14h30 et le 19 mars à 17h (Tel : 01 46 70 21 55). Et à la Ferme de bel ébat à Guyancourt, le 16 avril à 18h (Tel : 01 30 48 33 44). Spectacle à partir de 6 ans. Durée : 55mn.
Anna Schmidt, Anne Sée, Sara Vaz et Claude [...]