La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La Bonne Nouvelle

La Bonne Nouvelle - Critique sortie Théâtre Aubervilliers Théâtre de la Commune
La Bonne Nouvelle, de François Bégaudeau, dans la mise en scène de Benoît Lambert. CR : Vincent Arbelet

Théâtre de la Commune / de François Bégaudeau / mes Benoît Lambert

Publié le 28 décembre 2016 - N° 250

En quoi le libéralisme est-il une religion comme les autres ? Pour déconstruire l’idéologie dominante, Benoît Lambert et François Bégaudeau ont imaginé une comédie mettant en scène des anciens libéraux qui finissent par ne plus y croire.

La Bonne Nouvelle est le dixième épisode du cycle malicieusement intitulé “pour ou contre un monde meilleur”, conduit par Benoît Lambert, directeur du CDN de Dijon. Dans ce cycle éminemment politique, après avoir longtemps collaboré avec le très habile manieur de paradoxes Jean-Charles Massera, Benoît Lambert signe ici, après La Devise, sa deuxième mise en scène à partir d’un texte de François Bégaudeau. On connaît notamment l’ancien professeur de français, écrivain et chroniqueur, pour Entre les murs, dont l’adaptation cinématographique menée par Laurent Cantet avait reçu la palme d’or à Cannes. Bégaudeau y incarnait lui-même le personnage d’un professeur confronté à un public défavorisé. Ce normalien amateur de punk inscrit ce dernier texte dans la lignée de ceux précédemment mis en scène par Lambert dans ledit cycle : des dispositifs, plus que des histoires, où des personnages questionnent à travers leur devenir notre rapport à la société actuelle, et plus particulièrement au capitalisme. Ainsi, dans La Bonne Nouvelle, cinq quadragénaires racontent leur foi initiale placée dans le système néo-libéral, et les événements qui ont conduit à leur repentance, le tout sous la houlette d’un Monsieur Loyal qui prend au fur et à mesure des allures de gourou.

Les charmes et travers du système libéral

L’un y croyait par tradition familiale, l’autre parce qu’elle a reçu à l’ENA la bonne parole du nouveau management public. Un troisième, autodidacte, a pu se construire une réussite que lui refusait l’école. Une femme un peu éthérée a été séduite par le mode de vie open space et sushis, et une dernière, enfin, par la figure de la working girl. Tous et toutes racontent comment ils ont adopté la pensée et le style de vie néo-libéraux, puis, dans la deuxième partie du spectacle, le chemin, l’événement, l’épiphanie même, qui les a conduits à se désillusionner. Le ton se veut à la fois sérieux et léger. Comme souvent avec Benoît Lambert, il s’agit de donner à penser sans être didactique, en brouillant les pistes et les repères, et de rire de nos contradictions et de nos paradoxes. Seulement, en ce soir de deuxième au théâtre Dijon Bourgogne, le dispositif peinait. Trop peu crédible pour qu’on se laisse émouvoir par les personnages, pas assez délirant pour verser franchement dans le comique, le spectacle traversait de manière plaisante les charmes et travers du système libéral et appelait au dessillement général – un espoir qu’on partage volontiers – sans emporter plus que ça l’adhésion sur un plan théâtral.

Eric Demey

A propos de l'événement

La Bonne Nouvelle
du vendredi 6 janvier 2017 au samedi 21 janvier 2017
Théâtre de la Commune
2 Rue Edouard Poisson, 93300 Aubervilliers, France

du mardi au jeudi à 19h30, le vendredi à 20h30, samedi à 18h, dimanche à 16h. Tel. : 01 48 33 16 16. Spectacle vu au Théâtre Dijon Bourgogne. Durée : 2 h

 

Egalement du 7 au 9 décembre à la Filature à Mulhouse, du 25 au 27 janvier à la Comédie de Béthune et du 31 janvier au 2 février au Théâtre Sénart.

 

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