Serge Noyelle et Marion Coutris adaptent « La Cerisaie », explorant son aspect crépusculaire
Débarrassant la pièce de Tchekhov de toute [...]
Khalil Cherti, nouveau venu dans le monde du théâtre, débute au Théâtre de la Colline avec un spectacle sur les années de guerre en Syrie et la relation à distance via des créations vidéo qu’entretiennent deux amoureux. Récit d’une aventure.
Comment crée-t-on sa première pièce à la Colline ?
Khalil Cherti : Par un ami d’ami, j’ai pu faire parvenir mon court métrage, T’embrasser sur le miel, à Wajdi Mouawad. J’avais envie d’en faire la base d’un projet théâtral. Et miracle, Wajdi a visionné le film et m’a reçu quelques semaines plus tard ! Il m’a proposé de mettre en place un laboratoire de deux semaines, et c’est ainsi que le projet a commencé à se concrétiser. C’est assez fou qu’il ait eu cette curiosité, je ne connais pas d’équivalent dans le cinéma.
Ce spectacle est donc issu d’un film…
K.C. : Oui, c’est un film que j’ai autoproduit et tourné avant le confinement. On y voit deux amoureux qui sont séparés par la guerre en Syrie, reclus chez eux, et qui s’envoient des petits spectacles en vidéo. Comme on s’envoyait des lettres avant, sauf qu’ils ne parlent de leur intimité qu’à travers les créations qu’ils inventent. Sur scène, on aura au début un dispositif bi-frontal. Chaque groupe de spectateurs ne verra que ce que fait le personnage de son côté et les vidéos que lui envoie l’autre. J’avais envie qu’on vive la séparation, l’impatience de savoir comment l’autre va répondre, de découvrir ce qu’il a créé. Puis le dispositif évoluera.
Comment vous est-venu ce désir de parler de la Syrie ?
K.C. : On ne se rend pas compte de la vitalité culturelle de la Syrie. Le cinéma syrien est très connu au Moyen-Orient et dans les pays du Maghreb. Les acteurs et actrices y sont pour certains de véritables stars. Avec la guerre, cette vie culturelle très riche a disparu dans les faits, mais aussi dans l’imaginaire des gens. J’ai donc demandé à deux interprètes syriens, Reem Aly et Omar Aljbaai, tous deux issus du centre d’art dramatique de Damas et qui sont réfugiés en France, d’interpréter ces personnages. Ce qui arrive aux personnages ne leur est pas étranger. Pendant les répétitions, certains mots pouvaient les submerger.
Est-ce aussi un spectacle sur l’importance de l’imaginaire ?
K.C. : Absolument. C’est une histoire d’amour épistolaire à l’ère de la vidéo et de la guerre. Les personnages ne se racontent pas ce qu’ils ont fait, ni la guerre, mais cherchent à offrir à l’autre un moment d’imaginaire pour provoquer chez lui quelque chose qui va le sortir de son vase clos. Leurs échanges se poursuivent pendant 10 ans de guerre. Les spectacles qu’ils s’offrent l’un à l’autre peuvent transformer poétiquement ce qu’ils sont en train de vivre.
Propos recueillis par Eric Demey
du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h. Tel : 01 44 62 52 52.
Débarrassant la pièce de Tchekhov de toute [...]
La délicatesse du duo que forment Noémi [...]
Servie par les excellents Christophe Brault [...]