La Féminité sacrilège de Philippe Pélissier, rencontre avec Alba Fonjallaz
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Une pièce pour adolescents qui raconte une bascule vers le djihad, aussi ordinaire qu’inéluctable. Avec Kevin, Jean-Pierre Baro s’attaque à un sujet délicat.
C’est l’itinéraire ordinaire d’un enfant pas gâté. Qui grandit dans un de ces quartiers « abandonnés par la République » comme les nomment régulièrement ces politiques qui regrettent sempiternellement, sans agir pour autant. Un gamin qui ne peut pas s’imaginer d’avenir quand il voit le quotidien de ses proches. Un père collé à sa télé. Une mère partie vers d’autres cieux, là où on peut refaire sa vie. La violence, la haine qui s’infiltrent par le rap, Call of duty et l’islamisme en ligne. C’est parfois un peu attendu, un peu appuyé. Rien de surprenant, c’est une réalité que tout un chacun se représente déjà. Là, collante, pesante, qui resurgit quand l’actualité l’exige – attentat ou émeutes – et que le reste du temps, on essaye d’oublier. Jean-Pierre Baro a commandé un texte à Amine Adjina, collaborateur comédien et auteur, pour créer une pièce à destination des adolescents. « Elle se veut un miroir plutôt qu’un procès. » avertit le nouveau directeur du théâtre des quartiers d’Ivry. Effectivement, si on flirte parfois avec des clichés, on ne tombe jamais dans l’accusation, ni dans la commisération. Cette histoire est prise à hauteur d’hommes, en l’occurrence d’adolescent, et ne cherche pas à donner la leçon.
Femmes en jilbab et Kim Kardashian
Tout grave qu’il soit, le sujet est d’ailleurs traité avec un certain humour, une forme de légèreté. Produits de l’entertainment américain et vendeurs de Paradis à vierges se superposent ainsi de manière cocasse dans les délires visionnaires du jeune homme qui mélange Robin des Bois et le prophète Allah, qui vénère les femmes en jilbab en même temps que Kim Kardashian. Il faut dire que ce néo-converti a l’esprit un peu embrouillé. C’est un apprenti, et son embrigadement s’abreuve à son ignorance autant qu’à son désespoir. L’école tente de le rattraper mais une jeune femme l’encourage dans son projet de partir en Syrie. Sur le plateau, une grande structure métallique, à la fois simple et spectaculaire, permet qu’on se retrouve à l’école, ou dans l’appartement – la chambre de Kevin, le salon de son père et sa télé. Un écran évoque les épisodes de vie numérisée. Les acteurs sont très bons. Mohamed Bouadla en ado paumé qui se recroqueville. Hayet Darwich en jeune femme forte, musulmane version extrême puis ordinaire. Et Mahmoud Saïd en père discret, impuissant mais pas sans ressources. On serait toutefois resté dans une forme spectaculaire un peu convenue si la fin n’était pas venue tout justifier. Sans spoiler. D’un coup, la représentation bascule vers le vrai-faux documentaire. Un jeune homme dans l’ascenseur écouteurs sur les oreilles. La porte de son appartement se ferme. Cette réalité du coin de la rue, ordinaire, à portée de main et qui échappe, le théâtre est là pour l’explorer et la dresser face à nous.
Eric Demey
Renseignements 0143901111 ou tqi@theatre-quartiers-ivry.com
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