Renée en botaniste dans les plans hyperboles
Karl Biscuit et Marcia Barcellos, duettistes [...]
La nouvelle pièce d’Ambra Senatore offre un joyeux remue-ménage et une poésie de l’objet qui laisse filer la douceur et la légèreté du quotidien.
C’est une pièce à l’image de la chorégraphe : belle, douce et sans heurt, drôle et pleine de surprises. La chorégraphe italienne l’a baptisée John sans doute en hommage au compositeur américain John Cage, dont les jeux sur le quotidien et le hasard se sont retrouvés alimenter la danse. Ici, le spectacle se construit comme un jeu de plateau dont les règles s’édictent au fur et à mesure. Ni les interprètes, ni les spectateurs ne détiennent les clés du petit manège qui se déploie sous nos yeux : la course des toupies détermine le commencement de la pièce, et l’installation des objets (projecteur, valise, téléphone…) dessine une histoire dont les tenants et aboutissants se révèlent a posteriori.
Une précision extrême dans le jeu
John est un essai sur le temps qui passe et sur la façon dont on peut agir pour reconstruire et déconstruire des séquences de vie. Les danseurs usent des gestes du quotidien et d’une adresse directe au public pour nous confondre dans des correspondances, des fuites en avant ou des retours en arrière toujours surprenants. Quel déterminisme dans ce qui se joue de façon aussi simple et fluide ? Quelles lois régissent les usages et les normes de cet univers à la fois identifiable et étranger ? Ambra Senatore offre une fiction du réel brillamment construite, et, sous des apparences ludiques de bric et de broc, ne laisse finalement rien au hasard.
Nathalie Yokel
Karl Biscuit et Marcia Barcellos, duettistes [...]