La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien

Jérôme Correas, fondateur et directeur musical des Paladins

Jérôme Correas, fondateur et directeur musical des Paladins - Critique sortie Classique / Opéra
Photo : DR Jérôme Corréas et Les Paladins explorent les liens entre théâtre et musique, de Monteverdi à Grétry.

Publié le 10 janvier 2010

« L’opéra a toujours été mon but »

Trois spectacles lyriques rythment l’hiver des Paladins : La Servante Maîtresse de Pergolèse, mise en scène par Vincent Vittoz, poursuit sa tournée jusqu’en avril, et Jérôme Correas dirige aussi deux nouvelles productions très attendues : Le Couronnement de Poppée dans une mise en scène de Christophe Rauck à Saint-Denis en janvier puis en tournée avec l’Arcal (voir l’entretien avec le metteur en scène dans ce même numéro), et La Fausse Magie, opéra comique de Grétry à découvrir à Metz, Reims et Rennes en mars.

Votre actualité lyrique est importante en ce début d’année. Est-ce une orientation nouvelle pour Les Paladins ?
 
Jérôme Correas : L’opéra a toujours été mon but, l’opéra mais aussi le théâtre, tout ce qui est scénique, dramatique, comme le rapport entre voix chantée et parlée. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire ce pour quoi Les Paladins ont été fondés. Dans ses jeunes années, un ensemble se voit rarement confier une production d’opéra : on attend d’abord que vous définissiez ce que vous avez envie de faire et que vous fassiez vos preuves au concert et au disque. Aujourd’hui, le son des Paladins existe, les gens connaissent nos qualités, notre démarche. Les musiciens qui travaillent avec nous s’engagent, s’investissent dans le succès de l’ensemble.
 
Ces deux productions lyriques peuvent-elles définir le répertoire des Paladins ?
 
J.C. : Oui. Deux répertoires m’intéressent particulièrement : la musique italienne du xviie siècle avec Monteverdi, Cavalli… et l’opéra comique de la fin du xviiie siècle. Ils ont pour point commun un traitement de la voix qui va au-delà du chant. Chez Monteverdi, je cherche à rendre les passages du parlé au chanté avec toutes les gradations possibles. Ce n’est pas toujours facile pour les chanteurs mais c’est aussi très excitant. Je veux aller jusqu’au point où l’on se demande si c’est de l’opéra ou du théâtre chanté. Il ne faut pas oublier que Le Couronnement de Poppée est un opéra d’une époque où l’opéra était encore beaucoup du théâtre. Dans l’opéra comique, chez Grétry et jusqu’au début du xixe siècle, on trouve aussi cette caractéristique issue de la tradition théâtrale, du théâtre de foire.
 
Cela implique une collaboration rapprochée avec les metteurs en scène.
J.C. : Bien sûr. C’est pourquoi travailler avec Christophe Rauck est une chance. Il sait qu’il a besoin de la musique et moi du texte, que l’un et l’autre doivent aller dans le même sens. Nous avons eu sur Le Couronnement de Poppée un dialogue très enrichissant, une réflexion qui nous permet de demander les mêmes choses aux interprètes, chanteurs et acteurs.
 
Est-ce un travail que l’on peut demander indifféremment à des chanteurs débutants et confirmés ?
 
J.C. : Ce que l’on gagne en expérience et en maturité vocale, on le perd parfois en temps pour répéter et se remettre en question. Pour Le Couronnement de Poppée, la distribution mélange des chanteurs débutants, dont certains n’ont jamais fait de scène, et d’autres qui ont plus d’expérience. Monteverdi est très formateur pour un jeune chanteur car il n’y a pas de petit rôle : dans Le Couronnement, des rôles comme ceux de l’Amour ou des deux Soldats ont une grande importance dramatique.
 
 
Avec La Fausse Magie, vous participez à la redécouverte de Grétry.
J.C. : Quand je me suis lancé dans le projet de La Fausse Magie, la musique de Grétry était très peu abordée. Aujourd’hui, nous sommes plusieurs à aller vers ce répertoire. On ne peut pas toujours refaire le même répertoire et on ne peut jamais savoir longtemps à l’avance vers quoi on va se tourner ni ce qui va marcher. C’est à la fois déstabilisant, mais aussi fertile : rien n’est jamais acquis, il faut innover.
 
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
 
Le Couronnement de Poppée, de Monteverdi. Les 8, 9, 12, 13, 15, 16, 19 et 20 janvier à 19h30, les 10 et 17 janvier à 16h au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (93). Tél. 01 48 13 70 00. Places : 24 €.
Puis le 23 janvier à 21h à L’Onde de Vélizy (78), les 30 janvier à 20h30 et 31 janvier à 14h30 au Grand Théâtre de Reims (51), le 2 février à 20h au Théâtre musical de Besançon (25), les 5 et 6 février à 20h à la Maison de la Musique de Nanterre (92), le 12 février à 20h30 à La Barbacane à Beynes (78), le 14 février à 16h au Théâtre Jean Arp de Clamart (92), le 18 février à 20h45 au Théâtre du Vésinet (78), le 27 février à 20h30 au Théâtre d’Angoulême (16), le 9 mars à 20h30 au Théâtre des Salins de Martigues (13), le 13 mars à 20h30 à La Ferme de Bel-Ébat de Guyancourt (78) et le 9 avril à 20h30 au Théâtre Romain Rolland de Villejuif (94).
La Fausse Magie, de Grétry. Le 5 mars à 20h30 et le 7 mars à 15h à l’Opéra de Metz-Métropole (57), le 12 mars à 20h30 au Grand Théâtre de Reims et les 20 mars à 18h, 21 mars à 16h et 2 mars à 20h à l’Opéra de Rennes.
La Servante Maîtresse, de Pergolèse. Le 13 février à 20h45 au Théâtre Claude Debussy de Maisons-Alfort (94), le 6 avril à 20h au Centre des Bords de Marne du Perreux (94), le 15 avril à 20h30 à l’Espace André Malraux du Kremlin-Bicêtre (94) et le 16 avril à 20h30 au Théâtre André Malraux de Gagny (93).
Renseignements : 01 42 52 75 60

A propos de l'événement


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